Titre : Carved – The Slit-Mouthed Woman / Kuchisake-onna / 口裂け女
Année : 2007
Durée : 1h30
Origine : Japon
Genre : Joli sourire
Réalisateur : Shiraishi Kôji
Acteurs : Sato Eriko, Katô Haruhiko, Mizuno Miki, Kawai Chiharu et Kuwana Rie
Synopsis : Depuis une trentaine d’année, une légende circule, celle de la femme ayant la bouche coupée d’une oreille à l’autre, cachée avec un masque, et armée d’une paire de ciseaux, attendant les enfants à la sortie des écoles et dans les parcs, en demandant si elle est jolie. Suivant la réponse, elle emporterait les enfants avec elle. La légende refait surface de nos jours lorsque deux enfants sont kidnappés, et qu’une enseignante aperçoit la femme de la légende.
Avis de Rick :
La légende de la femme à la bouche tranchée d’une oreille à l’autre est bien connue des japonais, circulant depuis des centaines d’années (que le film va raccourcir à une trentaine d’année), mais un peu moins du spectateur occidental, bien que cette légende soit tout de même parvenue jusqu’à chez nous avec le manga « La femme défigurée » de Inuki Kanako. Le réalisateur Shiraishi Kôji va lui aussi donner sa version de cette légende avec ce film, en jouant dans un premier temps sur la légende urbaine, en 2007, dans un film qui sera en quelque sorte sa consécration, du moins commercialement parlant (puisqu’en terme de qualité, ensuite, il y aura Grotesque, puis c’est le début de la fin). A bien des égards, le film va alors nous faire penser à la première partie de Candyman, et d’une certaine manière, les deux films sont construits de la même façon. Une première partie où la légende circule et ou plusieurs personnes vont tenter d’en apprendre plus, et une seconde partie où la légende s’avère belle et bien réelle et terrifiante. Dés l’ouverture, le spectateur habitué à ce genre de métrage peut se rendre compte devant quel genre de produit il se trouve, puisque Carved (titre du dvd américain), en traitant de cette légende urbaine, va se rapprocher quelque peu du film de fantôme traditionnel. A l’exception près que notre femme au visage caché par un masque chirurgical ne s’attaque qu’aux enfants, et à une heure précise de la journée (cinq heures de l’après midi).
Au vu des techniques utilisées par cette femme pour tuer, en utilisant un très large ciseau, on peut s’attendre à voir des scènes sanglantes, surtout qu’en général, Shiraishi ne lésine pas sur le gore, mais le réalisateur préfère les suggérer pour la plupart, ce qui n’est finalement pas plus mal vu les victimes, la légendaire femme ne s’attaquant qu’aux enfants. La violence ne sera pas ouvertement montrée, et c’est finalement ici que le film trouvera sa force principale, dans ses thèmes abordés vis à vis de la violence. De la légende de base, le metteur en scène ne garde que la femme à la bouchée coupée, et la modernise, pour nous amener en plein drame familial, nous montrant une réalité trop rarement abordée au cinéma : les enfants maltraités par leurs parents, et leurs réactions vis à vis de la violence. Chacun des personnages, qu’ils soient enfants ou non, aura connue ce genre de situations. Dans le rôle principal de la professeur, cherchant à retrouver les enfants et à découvrir la vérité qui se cache derrière la légende, on retrouve Sato Eriko, interprète de Cutie honey dans l’adaptation live, dans un rôle très différent. Ici, pas de supers pouvoirs et de couleurs rose bonbon, la vérité est beaucoup plus sombre, puisque elle-même vit une situation difficile avec sa propre fille, suite à un divorce ; sa fille refusant de la voir parce qu’elle la tapait. Dans le film, tout le monde est responsable ou victime de ses excès de violence envers les enfants. Le personnage du professeur Matsuzaki, qui prêtera main forte à Kyoko (Sato Eriko), a lui-même été victime dans sa jeunesse de violence venant de sa mère.
Le film puise sa force dans ce thème, rendant l’ensemble glauque sans pour autant en montrer énormément. Le personnage de la femme à la bouche coupée entretient elle-même un lien malsain avec la violence envers les enfants, bien avant qu’elle ne devienne ce qu’elle est aujourd’hui, Matsuzaki n’étant nulle autre que son fils. Un lien unique et similaire relie alors l’ensemble des personnages, fournissant au métrage un contenu solide et original, puisque finalement, les apparitions de la femme à la bouche tranchée n’apporteront rien de neuf au cinéma de genre, se limitant à des apparitions spectrales du style de Ring et compagnie, mais étant pour certaines efficaces. On se souviendra de certains de ces coups de ciseaux. C’est en parlant de l’amour entre les parents et les enfants, se manifestant parfois de manière violente, que le film se hisse au niveau des bonnes surprises, et des bonnes productions, sans pour autant être transcendant d’originalité. Le scénario sait où il va, la réalisation est de très bonne facture, tout comme la composition musicale, et cela nous suffit.
Note : 7/10
Efficace et plutôt malsain, Carved parvient à être intéressant, tant pour la description de cette légende urbaine à la Candyman que pour ses thèmes abordés liés à l’enfance. Dommage que la femme à la bouche tranchée ne soit traitée que comme un simple fantôme.