[Film] Wing Chun, de Yuen Woo-Ping (1994)


Une jeune veuve décide de se vendre pour payer l’enterrement de son mari. Wing Chun se prend de pitié pour elle et décide de l’aider grâce à sa maîtrise des arts martiaux. Wing Chun va être obligée de défendre la nouvelle vendeuse de soja contre une bande de malfrats qui terrorise la région…


Avis de Cherycok :
Lorsqu’on parle de Yuen Woo-Ping à un amateur de cinéma asiatique, il va immédiatement penser à des films tels que Drunken Master, Miracles Fighters, les trois opus de la saga Tiger Cage, Iron Monkey ou encore The Tai-Chi Master. Dans les années 90, il y a un film du réalisateur qui est souvent boudé par ces mêmes fans, alors qu’il ne mérite pas vraiment ce traitement. Ce film a même eu droit à une sortie DVD par chez nous, certes dans une édition très médiocre qui ne lui rend pas honneur, mais qui permettait, au contraire de films tels que Fire Dragon (1994) ou The Red Wolf (1995), de le découvrir malgré tout et d’apprécier une fois de plus tout le travail chorégraphique impressionnant de Yuen Woo-Ping. Ce film, c’est Wing Chun, et il fait clairement partie de ces bobines qu’il faudrait un peu réhabiliter, car il a de bien beaux atouts pour lui. Et puis un film qui met Michelle Yeoh au premier plan ne peut pas être mauvais.

Wing Chun va mettre en scène des femmes fortes, et bien qu’il y ait quelques réminiscences de masculinité toxique (qui seront tournés en dérision au final), c’est bien un film mettant en avant le féminisme, jusque dans le maitre d’arts martiaux de Michelle Yeoh qui est une femme, et non des moindre puisqu’il s’agit de la mythique Cheng Pei-Pei, celle qui popularisera les héroïnes fortes à Hong Kong dès les années 60. L’ensemble a clairement un côté un peu niais, comme c’est souvent le cas dans le cinéma de Hong Kong de cette époque lorsque ça collait des amourettes dans les films d’action. Mais pourtant ça fonctionne plutôt bien au niveau de l’humour et bien que cela ne soit jamais crédible que tout le monde croit que le personnage de Wing Chun soit un homme juste parce qu’elle est habillée comme un homme, les quiproquos que cela engendre sont plutôt sympathiques car Donnie Yen semble très à l’aise ici avec la comédie. La bavarde Kingdom Yuen (Fight Back to School) et Waise Lee (The Big Heat), qu’on a bien plus l’habitude de voir dans des rôles de salopards, vont assurer le show en termes d’humour, sans jamais être trop lourdingues (car avec l’humour cantonais, ça aurait pu être bien pire), bien que l’aspect un peu trop lubrique de Waise Lee pourrait finir par agacer. Il faut dire que les personnages sont hauts en couleurs et apportent un plus non négligeable. Norman Chu (Bastard Swordsman) assure le spectacle en grand méchant, avec son grand rire très expressif et son visage renfrogné, nous rappelant qu’il y a 10 ou 15 ans de cela, il en imposait déjà par son charisme. Wing Chun est clairement une vitrine pour Michelle Yeoh et il a été manifestement étudié pour cela, aussi bien pour montrer ses talents martiaux, mais aussi ses talents d’actrice avec plusieurs scènes un peu plus intimistes que le reste du film qui verse dans la légèreté. Elle est charismatique, s’investit à 200% dans son rôle, et porte clairement le film sur ses épaules du début à la fin.

Wing Chun est avant tout un film fun. Il cherche à être divertissant, il l’est, et ne se prend clairement pas au sérieux, jusque dans le dénouement de son dernier combat. Woo Ping n’avait clairement pas envie de faire un film sombre, et on en ressort avec un sourire aux lèvres. Les séquences d’action sont assez folles. Alors c’est certain, elles auraient été bien plus marquantes s’ils elles n’avaient pas été autant accélérées, au point que les figurants en arrière-plan semblent parfois sortir d’un épisode de Benny Hill. Mais une fois de plus, les combats de Yuen Woo-Ping, aidé ici de Donnie Yen, sont complètement barjots, avec des chorégraphies très imaginatives et des cadrages sans cesse surprenants. Certains chorégraphes de Hong Kong n’ont eu cesse de répéter ce qu’ils savaient faire, mais Woo-Ping s’est constamment renouvelé, a constamment essayé de trouver de nouvelles idées bien folles pour agrémenter ses combats. Rien que l’affrontement où Michelle Yeoh se bat contre un méchant tout en faisant très attention à ne pas abimer un gâteau de tofu de 40x40cm, c’est à voir pour la performance. Le combat, perché sur une lance plantée à l’horizontale dans un mur, entre Yeoh et Norman Chu est lui aussi d’une précision hallucinante. Les artistes martiaux s’en donnent tous à cœur joie et la démonstration qu’il nous font fait plaisir à voir. Donnie Yen n’était pas encore rentré dans sa période Mr Perfect invincible et le voir se prendre des taquets a un côté quelque peu jouissif. Oui, c’est réellement dommage que les amateurs de tatanes made in HK ne réhabilitent pas ce Wing Chun car il n’a strictement rien à envier à pas mal de ses petits copains wu xia pian / kung fu pian de la même époque.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des chorégraphies folles
♥ Des personnages sympathiques
♥ Le casting
♥ Le côté léger et fun
⊗ Des combats trop accélérés
⊗ Scénario très léger
Film souvent oublié de la filmographie de Yuen Woo-Ping, Wing Chun est pourtant un divertissement éminemment sympathique, aux combats certes un peu trop accélérés, mais néanmoins de très haute volée. Une bobine à réhabiliter !

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le DVD du film que nous avons eu chez nous en France, en plus d’avoir une image assez exécrable, n’avait absolument aucun sous-titres français malgré la version cantonaise bien présente.



Titre : Wing Chun / 詠春
Année : 1994
Durée : 1h35
Origine : Hong Kong
Genre : Castagne en avance rapide
Réalisateur : Yuen Woo-Ping
Scénario : Elsa Tang, Anthony Wong

Acteurs : Michelle Yeoh, Donnie Yen, Waise Lee, Kingdom Yuen, Catherine Hung Yan, Norman Chu, Cheng Pei-Pei, Chui A-Fai, Xu Xiang-Dong, Jin Mao-Heng

Wing Chun (1994) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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