Le maléfique Doku a réduit le village de Ryu Hayabusa en cendres, et pris la vie de nombreux innocents, dont certains très chers à Ryu. Après une brève rencontre avec le sage Murai, le ténébreux ninja Hayabusa va donc partir à la poursuite du démon et de ses sbires…bien plus nombreux qu’il ne le pensait…et bien plus perfides aussi. Dragon, chauves-souris, soldats, insectes, trolls, vers géants, pilotes d’hélicoptère, chevaux…au cours de son aventure, Ryu Hayabusa abattra à peu près tout ce qui marche ou rampe, à un moment ou à un autre. Impitoyable.
Avis de Oli :
Davantage qu’un reboot du NINJA GAIDEN originel (qui, sur arcade, était pourtant aussi un beat’em all), le NINJA GAIDEN SIGMA qui nous intéresse aujourd’hui se situe en réalité dans la continuité du jeu sorti sur Famicom, en 1988. Si les genres sont différents (plates-formes en 2D sur Famicom, action en 3D sur Xbox), le coté hardcore qui ne pardonne rien, la marge de progression exponentielle et la difficulté mythique de la franchise sont autant de points communs entre ces titres, des règles d’or en forme de chevalets de torture (pour le joueur paresseux) qui ont toujours été respectées sans jamais être mises à mal – tout du moins jusqu’à NINJA GAIDEN 3…mais c’est une autre histoire.
Le premier reboot est arrivé sur la Xbox première du nom (NINJA GAIDEN), et ensuite finalisé avec quelques changements cruciaux (NINJA GAIDEN BLACK) pour finalement connaître l’apothéose avec le remake SIGMA sur PS3, dans ce qui est tout simplement l’un des plus grands jeux d’action de tous les temps. La version PS Vita ne change pas grand-chose à l’opus PS3 : le portage est extrêmement fidèle, toujours aussi jouable (après, peut-être que certains puristes préféreront les sticks de la manette Dual Shock) et ajoute quelques petits détails quelconques (des défis supplémentaires, un mode Hero pour les nuls, l’utilisation de l’arc et des ninpo via les écrans tactiles) ou au contraire très bien vus (présence de trophées qui démultiplient la durée de vie du soft en proposant des challenges intelligents). On pourra juste regretter deux choses : la gestion de la caméra parfois ignoble n’a pas pu être arrangée (elle a mal vieilli, ça reste compréhensible) mais, pire, les loadings (parfois en plein combat) n’ont pas été améliorés : ça, c’est injustifiable. Surtout que ces deux défauts criants se superposent parfois : imaginez que dans une partie dans le mode le plus difficile, vous deviez vous défaire d’un groupe d’ennemis en 8 secondes pour obtenir le bonus de 10.000 points : vous entrez dans l’allée en ne voyant pas vos adversaires alors qu’ils sont juste devant vous (c’est l’effet « caméra Gilbert Montagné »), lorsque vous leur sautez dessus le jeu s’arrête pour charger, et la caméra est de nouveau déréglée lorsque le loading est enfin terminé. Honteux, tout simplement. Idem pour la configuration des salles de challenge (ou missions ninja). Lorsque vous devez recommencer la même mission 10, 20, 30 fois de suite (parce que c’est dur mais je n’ai pas cru bon de le signaler), expliquez-moi pourquoi il nous faut A CHAQUE FOIS reconfigurer notre personnage ?! A savoir changer son arme de poing, son arme de lancer, son bracelet, son casque, son ninpo…ça prend un temps fou ! Il n’y avait aucun moyen pour que le jeu garde ça en mémoire ?! La mémoire, les dev’ du jeu l’ont certainement : mais courte.
Alors, me direz-vous, pourquoi adorer un tel jeu au point de lui vouer un véritable culte ? Tout simplement parce que si ses défauts sont réels et parfois handicapants, ses qualités sont tellement extraordinaires que vous devriez faire ki fi de tous ses malus pour vous concentrer sur ce qu’il a de meilleur à offrir : un gameplay ahurissant et évolutif. Tout d’abord, sachez que dans NINJA GAIDEN SIGMA il vous faudra dompter chaque mode de difficulté avant de pouvoir dire que vous maitrisez les débats. Et il ne s’agit aucunement d’une sinécure, puisque le jeu vous propose une courbe de progression exponentielle : de parfait petit débutant qui va en baver pour battre Murai dans le premier chapitre en mode normal, vous finirez en assassin impitoyable qui retournera les boss les plus sanglants en mode Maitre Ninja et ce, en quelques secondes. Petit à petit, vous apprendrez en effet à connaître vos ennemis, à savoir quand parer, quand effectuer une roulade. Vous diversifierez vos attaques et vos armes. Vous vous surprendrez vous-même ; j’ai par exemple découvert l’utilité du Lunar Staff uniquement durant ma partie en Maitre Ninja par la force des choses, car je ne savais pas où se trouvait mon arme lourde préférée (le Dabilahro) dans ce mode de difficulté. Oui, chaque arme possède un gameplay propre, et si vous découvrirez bien vite l’utilité du Dabilahro, du Vigoorian Flail ou du Dragon’s Claw and Tiger’s Fang, il en ira autrement du Lunar Staff ou encore de l’épée en bois.
Idem concernant d’autres techniques de combat : quelques secrets mortels que vous n’utiliserez pas durant votre première partie, mais qui deviendront vitaux dans les modes de difficulté plus relevés. Les on-land-charge UT (Ultimate Technique) ou encore les i-frames (invincibility-frames). Les UT se chargent en général manuellement (super attaque après avoir appuyé sur le bouton triangle quelques secondes). Mais il existe un truc pour spammer plus facilement ces assauts dévastateurs : s’il y a des orbes prêts à être absorbés autour de vous (deux jaunes, un bleu ou un rouge), vous pouvez déclencher une UT beaucoup plus rapidement (presque instantanément) en sautant et en appuyant sur le triangle juste au moment où vous touchez le sol. Quant aux i-frames, il s’agit d’un court instant, dans l’animation de votre personnage, durant lequel celui-ci est « invincible ». Par exemple, c’est pratique lorsqu’un ninja rouge vous a planté un shuriken explosif dont vous ne pouvez pas vous débarrasser. Il y a plusieurs situations dans lesquelles on peut utiliser des i-frames dans NINJA GAIDEN : pendant l’invocation d’un ninpo ou d’une UT, quand on dash (très dur), ou surtout (la plus utile) après avoir effectué une wall-jump attack.
Il y a quantités de petites astuces de ce genre, dans NINJA GAIDEN SIGMA. Parfois un truc attaché à une arme, un monstre (vous finirez par adorer les poissons fantômes qui sont une bonne source de farming) ou encore un lieu. Et lorsque vous maitriserez l’ensemble de ces astuces, la totalité des armes et que vous connaitrez bien vos adversaires, vous aurez l’impression de pouvoir briser le monde entier par la seule force de votre poignet. Moi, ça m’a pris deux cents heures de jeu, mais le résultat final est euphorisant au possible, surtout quand on prend le temps de se remémorer tout le chemin parcouru – depuis les premiers pas du petit scarabée ninja, jusqu’à ceux, de géant cette fois, de votre maitre assassin.
Mais là où NINJA GAIDEN SIGMA frise le génie, c’est dans son ambiance et son level design. Le jeu de Tecmo ne se contente pas d’être techniquement l’un des meilleurs beat’em all de l’histoire, puisqu’il fait l’effort de proposer un univers cohérent et immersif pour enrober le tout. Les décors sont en effet jolis et variés (dommage que l’on ne reste pas plus longtemps dans la forêt japonaise !) et se permettent d’inclure quelques discrets secrets et autres astuces à l’ancienne (le triple backtracking dans le monastère, il fallait y penser tout de même !). A l’ancienne comme l’aspect scoring et surtout ces costumes et objets (parfois très importants pour les modes de difficulté élevée) que vous pouvez débloquer en remplissant divers objectifs ou missions > à l’heure du tout DLC, il fallait le souligner.
NINJA GAIDEN SIGMA est donc un chef d’œuvre, n’ayons pas peur des mots (mais des sept boss finaux à enchainer dans le dernier niveau, si !). Si vous possédez le jeu sur PS3, l’achat sur PS Vita n’est certes pas indispensable, sauf si vous aimez vous fixer des challenges à la difficulté improbable : débloquer le trophée platine (non dispo sur la version PS3) de NINJA GAIDEN SIGMA PLUS demandera en effet bien des efforts aux joueurs, même les plus confirmés. Ou comment des trophées, parfois justement décriés, viennent ici encore démultiplier la durée de vie déjà gargantuesque d’un soft fabuleux. Les trophées en question proposent en effet des challenges d’une intelligence rare, qui vous pousseront à découvrir le jeu sous des angles que vous n’auriez peut-être pas connus, sans eux (à la manière d’un VANQUISH, par exemple). Pour vous dire la vérité, ce trophée platine figure sans doute parmi les plus difficiles de la collection Playstation, et en venir à bout ne relève presque plus du jeu vidéo, mais de l’épopée pure et simple : passionnant et éprouvant, NINJA GAIDEN SIGMA PLUS est donc un mélange de sueur et de sang…d’amour et de haine.
De remake triomphant sur PS3, notre ninja au caractère de cochon est devenu un port épique, sur Vita.
NINJA GAIDEN SIGMA, premier du nom sur PS3, est l’un des plus grands jeux d’action de tous les temps. Gameplay extraordinaire car évolutif avec une courbe de progression exponentielle qui frise le génie, des secrets à trouver, des costumes et objets à débloquer : si ça ne tenait qu’à cela, NINJA GAIDEN SIGMA serait déjà un chef d’œuvre. Mais la durée de vie du soft est encore rallongée avec des salles de défis hardcore, des modes de difficulté intelligents car progressifs et des trophées bien pensés exclusifs à la version Playstation Vita. Comme quoi un très bon jeu n’a aucunement besoin d’un mode online pour exister.
Titre : Ninja Gaiden Sigma Plus / Ninja Gaiden Σ Plus
Année : 2012
Studio : Team Ninja
Editeur : Tecmo
Genre : go ahead punk, remake my day
Existe sur : PS Vita
Joué et testé sur : PS Vita
Support : NVG Card