Oppressée par la ville, Reiko, une romancière à succès, n’arrive plus à écrire. Elle s’installe alors à la campagne, et apprend que la maison voisine sert de laboratoire à un archéologue qui a découvert dans un lac voisin une momie vieille de mille ans.
Avis de Yume :
Tout juste sorti d’un projet pour l’Horror Theatre avec son moyen métrage Bug’s House, dont les échos sont plus que bons, Kiyoshi Kurosawa livre avec Loft un pur produit de commande qui étonne autant qu’il déçoit profondément. Habitué à créer le sentiment de peur chez ses spectateurs, Kiyoshi Kurosawa s’attaque frontalement à un genre qu’il avait jusqu’à maintenant contourné et modelé à son approche quasi sociologique de phénomènes de société comme la solitude. Là où finalement ses œuvres précédentes se démarquaient par l’usage à contre-emploi d’icônes tels que le revenant, Loft ressemble à une régression de son réalisateur vers la vague commune du revival de films de fantômes, qui sont ici les véritables moteurs dramatiques et horrifiques de l’intrigue.
Formellement, tout dans Loft trahit le talent de mise en scène de Kiyoshi Kurosawa. Avec ce faux minimalisme, ces arrières plans où se détache une forme inquiétante, ces sons travaillés à l’extrême, Loft est une véritable réussite du genre. Mais avec un maître tel que Kiyoshi Kurosawa à la réalisation pouvait-il en être autrement. Minutieusement, il installe une ambiance oscillant entre trouille pure lors des apparitions sporadiques, et tableau fantomatique à la beauté effrayante comme ce quai semblant flotter dans l’éther car entouré de brume dense. Au niveau de la mise en scène, Kurosawa remplit donc son contrat, sans pour autant briller d’inventivité comme dans quelques-uns de ses films précédents.
Par contre c’est au niveau de son scénario que Loft chavire définitivement dans les limbes de l’incompréhensible et le ridicule. Pourtant Kurosawa commence parfaitement son long métrage en adoptant une approche tout à fait familière faite de personnages plongés dans la solitude, de décors immenses et vides, et amorce ensuite un parallèle entre l’héroïne crachant de la boue et une momie remplie de boue. Puis, plus rien…. Croulant sous une multiplicité d’intrigues, dont beaucoup n’auront pas de réponses, Loft s’enlise et se dépêtre tant bien que mal en des dénouements souvent inefficaces qui finissent par perdre le spectateur. La multiplicité artificielle des intrigues (une momie, un fantôme, un éditeur tueur, une histoire d’amour, un roman sorti d’on ne sait où) casse le rythme et l’ambiance installés, et la presque totalité de la dernière heure du film est un supplice jusqu’à cette scène finale pathétique. Là où il y a quelques années avec Doppleganger Kiyoshi Kurosawa arrivait à créer deux parties distinctes sans se perdre en chemin, ce Shi no otome (titre japonais beaucoup plus parlant sur le contenu que le titre international) perd tout intérêt dans son coté bancal. Dommage, surtout que Kiyochi Kurosawa avait choisi avec soin ses deux acteurs principaux, qui apportent de par le physique une touche angoissante (le physique imposant et le visage fermé de Etsushi Toyokawa, et la frêle apparence presque fantomatique de la divine Miki Nakatani).
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le faux-minimalisme ♥ L’ambiance ♥ La mise en scène |
⊗ Le scénario ⊗ Trop d’intrigues ⊗ La scène finale |
Réalisé par n’importe qui d’autre, Loft serait passé pour un film passable bien qu’immensément irrégulier. Mais avec Kiyoshi Kurosawa à la barre, il y a de quoi être infiniment déçu, puisque ce dernier se contente de faire du Kurosawa. Ni plus, ni moins. Mais avec une désinvolture scénaristique qui confine à l’insulte envers ses spectateurs. |
Titre :Loft / ロフト
Année : 2005
Durée : 1h55
Origine : Japon
Genre : Momie boueuse
Réalisateur : Kiyoshi Kurosawa
Scénario : Kiyoshi Kurosawa
Acteurs : Miki Nakatani, Etsushi Toyokawa, Hidetoshi Nishijima, Yumi Adachi, Sawa Suzuki, Haruhiko Katô, Ren Osugi