[Film] Die Bad, de Ryoo Seung-Wan (2001)


“DIE BAD” est constitué de 4 histoires qui s’imbriquent les unes aux autres. Il est question des répercutions de la violence sur la vie d’un jeune homme ainsi que de son entourage. En effet, au cours d’une bagarre dans un billard entre deux groupes d’élèves appartenant à différentes d’écoles, Sung-Bin tue Hyun-Su, l’un de ses opposants sous le regard de Suk-Hwan son meilleur ami. Les années ont passé et Sung-Bin sort de prison. Tout en s’efforçant de retrouver une vie normale, celui-ci est désormais poursuivi par des cauchemars incessants et le « spectre » de Hyun-Su. Persécuté par son père qui se sent déshonoré et un officier de police qui le soupçonne de replonger dans la violence, peu à peu Hyun-Su sombre dans la folie et fini par devenir le leader d’une triade. A cette trame principale vient donc se greffer celle de Suk-Hwan qui est devenu policier et de son frère qui lui est un véritable cancre et qui ne rêve que d’une chose : faire partie d’une triade. Toutes ces histoires trouveront leurs conclusions dans un effroyable bain de sang…


Avis de Laurent :
Film indépendant réalisé par Ryu Seung-Wan (quelques années avant le pompeux mais sympathique No Blood, No Tears et le décevant Arahan), Die Bad juxtapose quatre courts-métrages afin de donner une vision réaliste de la violence chez les jeunes Coréens. Chaque segment peut être pris indépendamment des autres ; seul le dernier sert de véritable lien. Chaque volet a son propre style, sa propre narration, sa propre ambiance … et bizarrement, il en ressort une vague impression de monotonie alors que le concept aurait dû dynamiser l’ensemble.

On commence donc avec une scène d’embrouille, dans une salle de billard, entre deux bandes rivales, qui se termine en drame puisqu’un jeune bagarreur finit mortellement touché à la tête. Photographie dégueulasse, interprétation amateur, plans parfois approximatifs mais avec une réelle envie de bien faire … Die Bad plonge de suite le spectateur dans le vif du sujet sans fioriture. Bien que très correct pour une mise en bouche et évitant l’épate facile, on regrettera tout de même le discours simpliste du réalisateur faisant un parallèle entre violence et jeux vidéo. Le deuxième volet est probablement le plus bancal mais pas forcément le plus mauvais. Celui-ci se déroule sept années plus tard à la sortie de prison du jeune meurtrier de la rixe précédente. On suit sa difficile réinsertion et sa reconstruction entre un père déshonoré et agressif, un policier teigneux qui ne lui laisse pas le temps de respirer et ses cauchemars consécutifs aux remords qu’il éprouve. On notera un petit côté fantastique un peu hors sujet par rapport au ton principal du film, mais pas pour autant superficiel.

Le troisième volet juxtapose habilement une arrestation musclée entre un flic et un mafieux, en alternance avec des bribes d’interviews des deux personnages qui mettent en valeur leurs points communs et leurs différences respectives. On regrettera que cette baston jusqu’auboutiste, qui se permet le luxe de ne jamais être poussive contrairement à la longue bagarre finale du dernier segment, ne soit un poil longuette. Enfin, la dernière partie est probablement la plus accessible car bien mieux léchée (un joli noir et blanc vient remplacer les couleurs assez fades des trois actes précédents), et l’interprétation y étant par ailleurs bien plus maîtrisée (Ryu Seung-Beom est un acteur extrêmement talentueux qui a pu s’exprimer par la suite dans de nombreux registres allant jusqu’à la crétinerie du très sympathique Conduct Zero). On suit la descente aux enfers d’un petit voyou voulant devenir un gros mafieux respecté et qui finira poignardé anonymement lors d’une monumentale baston générale entre deux triades rivales. On regrettera une scène finale confuse et beaucoup trop poussive où l’excitation jubilatoire fait peu à peu place à l’ennui. C’est malheureusement ce qui peut arriver de pire dans une scène d’action. Heureusement que le final dramatique permet de laisser le spectateur sur une bonne impression avec son lot de pathos surexagérés.

LES PLUS LES MOINS
♥ Fait avec beaucoup d’envie
♥ Un bon casting
♥ De très bonnes scènes
⊗ Parfois ennuyeux.
Des courts inégaux

Au final, on reste mitigé face à une œuvre parfois excitante, souvent ennuyeuse mais bonifiée par une réelle envie de bien faire et de tenter quelque chose d’inédit. La même rage se retrouvera deux années plus tard dans le très ritchien No Blood, No Tears qui permet enfin d’allier la spontanéité salutaire de Ryu Seung-Wan avec des moyens conséquents pour une œuvre jouissive à défaut d’être originale.



Titre :Die Bad / 죽거나 혹은 나쁘거나
Année : 2001
Durée : 1h38
Origine : Corée du Sud
Genre : Action
Réalisateur : Ryoo Seung-Wan
Scénario : Ryoo Seung-Wan

Acteurs : Kim soo-Hyun, Park Seong-Bin, Ryoo Seung-Bum, Bae Jung-Shik, Ji Joo-Bong, Jung Jae-Young, Lim Won-Hee, Ryoo Seung-Wan, Ahn Kil-Kang, Park Sung-Il

 Jukgeona hokeun nabbeugeona (2000) on IMDb


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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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