Un homme marié de 40 ans cherche désespérément du travail depuis que sa société a fait faillite. Il rencontre un vieil homme qui lui parle d’un trésor (un bouddha en or) qui serait caché dans une maison située à côté d’un pont rouge. Il décide de s’y rendre et fait la connaissance d’une femme vivant dans la maison avec lequel s’engage une relation pour le moins spéciale…
Avis de Best :
Avec la diffusion télé d’Arte, l’occasion était trop belle de découvrir l’œuvre du réalisateur japonais Shohei Imamura qui m’était jusque-là inconnu et dont le film au programme s’annonçait sous les meilleurs auspices (fraîcheur, humour, tranche de vie, amour …). Autant d’éléments qui attirent fortement mon attention. Le seul doute concernait le ton totalement décalé avec lequel semblait être abordé le sujet et dont j’espérais un traitement réussi qui m’éviterait une indigestion.
Verdict… un très bon film qui nous fait effectivement partager une tranche de vie ou les difficultés de la vie s’entremêlent avec une histoire d’amour vraiment spéciale. En effet, il s’agit d’un amour totalement atypique qui en surprendra plus d’un. Une relation débordante comme vous pourrez le constater qui est au centre des débats mais n’occulte jamais ces petits instants qui orchestrent nos existences. Concernant la dureté de la vie, c’est en grande partie l’impasse qui apparaît lorsque l’on cherche un emploi et la précarité qui touche bon nombre de personnes qui sont exposés par le réalisateur. Le tout est traité avec une légèreté, un humour et un sens du décalage extrêmement plaisants (rah le coup des geysers !) et la palette de personnages secondaires est très intéressante (le marathonien africain qui rêve de devenir président, les vieux pêcheurs, l’éternel locataire de l’auberge …). Elle apporte au film une fraîcheur et une bonne humeur constante agrémentée de touches d’humour particulièrement efficaces qui permettent à l’ennui de ne jamais nous guetter.
L’acteur principal joue juste et donne vie avec talent au personnage de Yosuke, un homme de 40 ans se retrouvant subitement sans emploi, qui a du mal à s’affirmer et qui traîne notamment auprès de sa femme une image d’éternel looser. Il n’est pas heureux et ça se sent, c’est pourquoi il n’hésitera pas à se lancer à la poursuite du trésor évoqué par Taro, un vieux sans abri rencontré dans une ville de Tokyo qui représente son bonheur passé et sa tristesse présente. Débarquant pour l’occasion dans une nouvelle ville, il fait la rencontre (inoubliable !) de la jeune femme habitant la maison où est caché le supposé trésor puis se voit donner l’opportunité de s’engager comme pêcheur et rentre dans le moule de cette ville et de ses habitants. Mais là aussi, ce personnage est plutôt sympathique et attachant donc toujours rien de désespérant à l’horizon. La plupart des évènements qui auraient dû être douloureux sont souvent dédramatisés ou désamorcés mais gardent tout de même une certaine puissance émotionnelle (la grand-mère qui attend un improbable retour pour trouver la paix, la » relation » à distance entre Yosuke et sa femme …). Les décors aux abords du port de pêche et du fameux pont rouge où se déroule l’histoire sont à la fois simples et magnifiques. Les plans du réalisateur Shohei Imamura sont un vrai régal et capturent avec efficacité la beauté et le naturel de ces lieux.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La légèreté de l’ensemble ♥ L’humour ♥ Les personnages et le casting |
⊗ … |
Un film vraiment spécial qui m’a agréablement surpris et dont la force tient en cette faculté à assumer ce décalage et cette liberté omniprésente sans déraper vers un mauvais goût dans lequel plus d’un réalisateur serait tombé et qui aurait été plutôt malvenu. |
Titre :De l’Eau Tiède sous un Pont Rouge / 赤い橋の下のぬるい水
Année : 2001
Durée : 1h59
Origine : Japon
Genre : Tranche de vie
Réalisateur : Shôhei Imamura
Scénario : Shôhei Imamura, Daisuke Tengan
Acteurs : Koji Yakusho, Miza Shimizu, Mitsuko Baisho, Mickey Curtis, Kazuo Kitamura