[Film] Cross Fire, de Shusuke Kaneko (2000)


Junko Aoki est une jeune fille très solitaire et peu aimée de ses collègues de travail. Cet isolement, elle ne l’a pas choisi mais est pourtant obligée de s’y soumettre pour sa propre sécurité et pour celle de son entourage. Car Junko n’est pas une personne comme les autres : elle possède un don de pyrokinésie lui permettant d’allumer des feux par la pensée, un don qui a plutôt des allures de malédiction quand il devient incontrôlable à la moindre émotion forte.


Avis de Kwaidan :
Entre GAMERA 3 et GMK, Shusuke Kaneko s’offre un film fantastique sans grands monstres avec cette adaptation d’un roman de Miyuki Miyabe très inspiré du FIRESTARTER de Stephen King. Junko Aoki correspond d’ailleurs parfaitement à ce qu’aurait pu devenir Charlie McGee à l’âge adulte et CROSS FIRE constitue un prolongement du livre de King beaucoup plus efficace et dans l’esprit de l’auteur que FIRESTARTER : REKINDLED (suite télévisée au demeurant assez sympathique). Mais l’hommage ne se situe heureusement qu’au niveau des capacités surnaturelles de son héroïne, le récit de Kaneko étant beaucoup plus intéressant et surtout mieux rythmé que celui imaginé par le maître de l’horreur.

La première qualité de CROSS FIRE est donc son histoire qui, pour une fois, abandonne l’élément que l’on retrouve dans la quasi-totalité des films de ce genre, à savoir l’agence gouvernementale ultra secrète traquant le héros. Ici pas de complexe haute technologie sous terrain ou de mystérieux « hommes en noirs », Junko affronte des adversaires beaucoup plus réalistes et donc effrayants. Bien plus riche qu’il n’en a l’air, le scénario multiplie les rebondissements et relance sans arrêt l’intérêt du spectateur. Deux heures que l’on ne voit absolument pas passer. CROSS FIRE ne se contente cependant pas d’aligner à outrance les scènes d’actions et prend le temps de faire vivre ses personnages afin de les rendre d’autant plus attachants ou détestables. A travers eux, Kaneko se livre à de belles réflexions sur la vengeance, la justice et la différence. A la manière de Paul Kersey/Charles Bronson dans UN JUSTICIER DANS LA VILLE, Junko va traverser plusieurs étapes décisives dans sa quête de vengeance. Une vengeance qu’elle désire plus que tout mais qui en même temps la dégoûte au plus profond d’elle-même, comme le montre cette très belle scène où elle cherche désespérément l’approbation de ses futurs actes par Tada. Elle pourrait ainsi devenir « son » arme, l’incarnation de « sa » colère et oublier son propre désir de tuer et le plaisir qu’elle pourrait y prendre. Autre personnage mémorable : l’inspecteur Ishizu, magnifiquement interprétée par Kaori Momoi. Cette Dirty Harry au féminin, cachant une grande humanité sous son apparente froideur, mériterait un film pour elle toute seule. On notera aussi un petit clin d’œil aux fans de Gamera avec l’apparition furtive d’Ayako Fujitani, la fille de notre ami Steven « saumon agile » Seagal et héroïne de la fameuse trilogie.

Kaneko, très déçu par les scènes de pyrokinésie du FIRESTARTER de Mark Lester, a tenu à soigner au maximum celles de CROSS FIRE. Le résultat est là : le combat de l’héroïne contre le gang de psychopathes justifie à lui seul la vision du film, et c’est loin d’être le clou du spectacle. Grâce aux images de synthèse, il réussit à donner une vraie identité visuelle aux flammes déclenchées par Junko. De plus, il parvient à rendre chacune des manifestations de ce pouvoir différente des précédentes, exploitant à fond toutes les possibilités offertes par la pyrokinésie. CROSS FIRE n’étant pas un film d’horreur, les agonies ne verse jamais dans le gore et font plutôt appel une fois de plus aux images de synthèse. On a certes le droit à quelques explosions de psychopathes et à des mains tranchées mais le film reste très sage au niveau de l’hémoglobine. Malgré la noirceur générale dans laquelle baigne son film, Kaneko n’oublie pas d’installer de très beaux moments de poésie, notamment quand la mère de Junko lui explique les origines de son pouvoir à travers l’histoire de ses ancêtres. On retiendra également la superbe scène du baiser sous la neige, peut-être la plus belle et la plus mémorable manifestation de la pyrokinésie de Junko ainsi qu’un final très touchant et plutôt bien trouvé.

LES PLUS LES MOINS
♥ Les scènes d’action
♥ Les personnages
♥ Le scénario
♥ La mise en scène
⊗ …

Très bon scénario, très bon acteurs, superbe mise en images, CROSS FIRE est une excellente surprise. Si vous avez aimé FIRESTARTER plus pour le personnage de Charlie que pour l’histoire, vous allez sans doute adorer le film de Shusuke Kaneko. Je le conseille également à tous ceux qui ont aimé INCASSABLE, CROSS FIRE pouvant également s’inscrire dans la veine des films de super héros dit « réalistes » et s’avérant dans ce genre très supérieur à celui de M. Night Shyamalan. En bref, une nouvelle réussite à mettre sur le compte de ce grand réalisateur.



Titre : Cross Fire / Pyrokinesis / クロスファイア
Année : 2000
Durée : 1h55
Origine : Japon
Genre : Fantastique
Réalisateur : Shusuke Kaneko
Scénario : Kodai Yamada, Masahiro Yokotani, Shusuke Kaneko

Acteurs : Akiko Yada, Hideaki Ito, Kaori Momoi, Ryuuji Harada, Masami Nagasawa, Yû Yoshizawa, Hidenori Tokuyama, Toshiyuki Nagashima

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Auteur : Kwaidan

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