Okajima Shinji était autrefois un élève dissipé. Il tente aujourd’hui, tant bien que mal, de subvenir aux besoins de sa famille. Pour avoir été trop franc avec son patron, il va pourtant perdre son emploi. Le doute va alors s’installer dans le foyer du jeune homme…
Avis de Oli :
Ozu Yasujirô a déjà réalisé un certain nombre de films muets avant CHŒUR DE TOKYO. Les années trente, pourtant, seront déterminantes dans sa carrière, puisqu’il va enfin se défaire des films de commande, de l’empreinte américaine et c’est tout naturellement que ses thèmes fétiches vont commencer à poindre à la surface des récits.
Il en ira ainsi avec ce joli CHŒUR DE TOKYO, qui place une famille japonaise banale au centre des débats : Ozu délaisse enfin le monde étudiant (plusieurs fois sujet de ses précédents films) et va alors s’attarder sur les relations parfois tendues (souvent amusées) entre les différentes générations, sur la place d’un chef de famille dont la responsabilité (et donc la dignité) est remise en cause par la société moderne japonaise (criante récession économique) mais également sur le rôle d’une femme encore trop soumise au Japon (mais qui ici n’hésitera pas à aller au charbon pour éviter à son mari de s’humilier, seul, dans un travail peu glorifiant).
Sensiblement touchant (jusque dans sa scène finale, annonciatrice d’une bonne nouvelle mais qui hélas s’accompagne également d’un discret sacrifice), le film d’Ozu Yasujirô ne fait pas que simplement annoncer les réussites à venir. Certes, les thèmes du réalisateur seront maintes fois repris et approfondis, certes les ressorts comiques de l’histoire seront bientôt retravaillés et affinés (Ozu reprendra ainsi souvent un tandem de jeunes enfants pour faire rire le spectateur : GOSSES DE TOKYO, BONJOUR, …), mais ce CHŒUR DE TOKYO, bien que filmé en noir et blanc et complètement muet (aucune musique ne l’accompagne) se suffit parfaitement à lui-même. On prend ainsi rapidement fait et cause pour ce père de famille un peu fougueux mais prêt à tout pour faire vivre sa femme et ses enfants. On rit souvent, devant les facéties des plus jeunes, mais aussi parfois des plus grands (voyez comment Shinji parvient à tailler ses crayons !). Non, on ne voit pas le temps passer. Et oui, cela ne fait aucun doute : la magie d’Ozu Yasujirô était déjà belle et bien présente en 1930.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le second degré ♥ Les scènes d’action nawak ♥ Rajini et sa célèbre moustache |
⊗ Un gros ventre mou ⊗ Certains CGI |
A noter, pour l’anecdote, que Takamine Hideko, qui interprète la toute jeune fille du couple (elle avait sept ans à l’époque), deviendra une actrice confirmée et…bouleversante, ayant notamment tourné avec Naruse, Kinoshita ou encore Kobayashi. |
Titre : Chœur de Tokyo / Tokyo Chorus / 東京の合唱
Année : 1931
Durée : 1h30
Origine : Japon
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Yasujiro Ozu
Scénario : Kogo Nada, Komatsu Kitamura
Acteurs : Tokihiko Okada, Emiko Yagumo, Hideo Sugawara, Hideko Takamine, Tatsuo Saitô, Chôko Iida, Takeshi Sakamoto, Reikô Tani