En 1946, un jeune Chinois se faisant appelé Zee-Oui émigre en Thaïlande en espérant y vivre des jours meilleurs. Son seul bien est le couteau que lui a donné sa mère lorsqu’il a quitté sa province natale. Son intégration dans sa nouvelle patrie se fait non sans difficulté et il est sans cesse victime d’humiliations en tout genre.
Avis de Laurent :
Tiré d’une histoire vraie qui a bouleversé la Thaïlande de l’après-guerre, Zee-Oui raconte la descente aux enfers d’un émigré chinois en Thaïlande et son basculement dans la folie. Zee-Oui est un authentique film de serial killer teinté d’une critique réaliste de la société thaïlandaise qui est en partie responsable de la création d’un tel monstre. Inutile de comparer Zee-Oui avec la crème des thrillers hauts de gammes qui hantent nos souvenirs de cinéphiles (Seven, Mannhunter …), il s’agit là d’une œuvre qui s’inspire plus de l’esprit des cat III hongkongais dans sa morale limite, sa surenchère de violence et son envie de déranger le spectateur classique.
Zee-Oui a été réalisé par Nida Sudasna et Buranee Ratchaiboon (cette dernière a participé au tournage du fabuleux Killing Fields de Rolland Joffé) qui viennent directement du monde de la publicité. Celles-ci transposent à l’écran, l’histoire bouleversante de ce jeune émigré chinois qui tente de refaire sa vie en Thaïlande après avoir fui la misère et la guerre de sa province natale. Atteint d’asthme (même si les symptômes rappellent plutôt ceux de la tuberculose), il pense guérir de son mal en mangeant le cœur d’enfants qu’il croise sur son chemin.
Très habilement mis en scène avec un savant équilibre entre le film transgressif et le drame social, Zee Oui bénéficie d’une réalisation maîtrisée de A à Z avec des plans d’anthologie (ce champ ravagé par la tempête en est le plus bel exemple). Leur expérience dans la publicité n’est aussi probablement pas étrangère dans cette photographie impeccable, magnifiée par des filtres colorés somptueux. C’est du cinéma déviant très haut de gamme. On peut juste regretter un rythme moins maîtrisé dans la deuxième partie du film qui part légèrement en roue libre, mais c’est ce qu’on attend en général d’un film issu de la nouvelle génération de cinéastes thaïlandais. La deuxième grosse surprise de Zee-Oui vient de l’interprétation en tout point remarquable de Long Duan qui interprète le dangereux psychopathe et qui est capable d’être convaincant dans n’importe quel registre. On peut désormais l’attendre au tournant dans des projets un peu plus classiques.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La critique sociétale ♥ Belle mise en scène ♥ L’interprétation |
⊗ Rythme en dents de scie |
Zee-Oui est donc une très bonne petite surprise qui prouve qu’avec un minimum d’application, on peut niveler vers le haut n’importe quel sous-genre de cinéma, même les moins nobles. Ce premier film des deux réalisatrices thaïlandaises augure vraisemblablement du très bon pour la suite et nous oblige déjà à les suivre avec une attention toute particulière. |
Titre : Zee-Oui
Année : 2004
Durée : 1h26
Origine : Thaïlande
Genre : Serial Killer
Réalisateur : Buranee Rachjaibun, Nida Suthat Na Ayutthaya
Scénario : Deborah Kampmeier
Acteurs : Yihong Duan, Premsinee Ratanasopha, Chatchai Plengpanich, Surasak Chai-Aut, Nicha Fishlock, Ornnisa Kitchalernsopon, Anuway Niwartwong