A Taiwan, la famille Jian traverse la vie en connaissant son lot de difficultés. NJ, le père, vit une époque difficile. Sa femme souhaite prendre quelque peu ses distances et cherche le réconfort auprès de « religieux », tandis que sa jeune fille découvre ses premiers amours et les désillusions qui vont avec. Lorsqu’il regarde son enfant (Yang Yang) grandir, NJ se reconnaît parfois en lui, et le sourire lui revient alors. Ce sourire qui se fait plus rare depuis que sa société de logiciels connaît de graves soucis économiques, depuis qu’il a du mal à gérer les crises familiales. Il va alors rencontrer par hasard son grand amour de jeunesse … et se dire que sa vie aurait pu être totalement différente.
Avis de Oli :
Plutôt que de retracer la vie d’un homme depuis sa naissance jusqu’à sa mort, Edward Yang a préféré filmer ces différents stades de la vie en s’attardant sur chacun des membres d’une grande famille : la grand-mère, aimée de tous et qui arrive au terme de son existence, le père qui doit faire face à une crise professionnelle et à une remise en question totale, la mère, fatiguée et dépitée par une vie qu’elle voit ennuyeuse et sans intérêt à présent, le beau-frère frivole mais qui navigue parfois en pleine détresse, et les enfants, un peu naïfs, qui se construisent peu à peu une vie et une expérience.
Sans aucun doute en grande partie autobiographique, on retrouve des petits bouts de la vie du réalisateur dans les personnages de NJ (comme lui Edward Yang a connu le doute et la remise en question, puisqu’il a plaqué sa vie d’ingénieur du jour au lendemain pour se lancer dans le cinéma) et de l’enfant, le petit Yang-Yang : au sujet de ce dernier, et de son « jeu » qui consiste à prendre en photo le dos des gens parce que ceux-ci ne peuvent jamais le voir, Edward Yang précise : « Je me réjouis de notre incapacité à voir l’autre moitié de la vérité. Après tout, c’est grâce à cette moitié-là que se construit notre créativité ». Yi Yi est donc un film qui parle de la vie. Mais qu’est-ce que la vie ? La quête continuelle du bonheur ? Sans doute. Quand on est jeunes on y aspire évidemment. Quand on est plus âgés, et que l’on regarde en arrière, alors parfois on sent poindre les regrets. Aurais-je pu mieux faire ? Aurais-je pu agir différemment ? Le bonheur ne consiste-t-il pas plutôt à apprécier ce que l’on a, ce que l’on a construit ?
NJ se posera toutes ces questions. Il va revivre un amour de jeunesse, il va également redécouvrir l’amitié. Au travers de NJ, c’est donc toutes les interrogations du réalisateur qui prennent forme. Yang accouche là d’un personnage exceptionnel, dans sa gentillesse, sa compassion, son sens de la vie : NJ est un homme remarquable, parce qu’il est droit, parce qu’il doute aussi. Parce qu’il incarne un père certes taiwanais, mais qui pourrait fort bien ressembler à quelqu’un de votre famille … voir peut-être à vous même, dans quelques années. Yi Yi est un drame familial, pourtant Yang ne verse pas dans le mélo, et le ton n’est jamais tragique. Après tout le film traite tout simplement de la vie, de celle de la famille Jian, mais sans doute un peu de la vôtre aussi … car Yi Yi est un film universel, il nous parle directement, et on ne peut s’empêcher d’accompagner tous ces personnages durant les trois heures du film, de compatir à leurs chagrins, de se poser les mêmes questions, de rire parfois à leurs côtés.
| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ Les personnages et les acteurs ♥ La mise en scène ♥ Un film qui nous parle |
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| Yi Yi est un petit bijou, un film profond et simple à la fois, une œuvre majeure dont le message est renforcé par une réalisation remarquable, couronnée par le prix de la mise en scène à Cannes (2000). | |
Titre : Yi Yi / 一 一
Année : 1999
Durée : 2h53
Origine : Taiwan / Japon
Genre : Drame
Réalisateur : Edward Yang
Scénario : Edward Yang
Acteurs : Nien-Jen Wu, Elaine Jin, Ogata Issey, Kelly Lee, Jonathan Chang, Hsi-Sheng Chen, Su-Yun Ko, Michael Tao, Shu-Shen Hsiao, Adrian Lin
