May Lin est agent immobilier. Elle travaille toute la journée, s’ennuie, vit seule. Sans homme. Hsiao-Kang vend des urnes funéraires. Il n’a pas de but dans la vie. Vide. Comme son cœur, il survit. Sans âme. Un soir, isolé dans son luxueux appartement squatté de Taipei, Hsiao-Kang décide de mettre à mal tous ses maux. Il s’ouvre les veines et s’étend. Reposé par cette mort qui l’attend, Hsiao-Kang doit pourtant revoir ses projets à la baisse : il n’est plus seul dans l’appartement. Ce soir-là, May Lin a en effet décidé d’utiliser ces lieux qu’elle est supposée vendre pour dormir avec un homme rencontré deux heures plus tôt dans la rue. Elle ne connaît pas son nom. Elle ne connaît pas sa voix. Elle a juste besoin d’un cœur qui bat.
Avis de Oli :
Pour son troisième film, Tsai Ming-Liang récite plus ou moins les recettes qu’il a déjà appliquées au théâtre. A savoir un nombre restreint de personnages, un lieu confiné, et une intrigue qui tend parfois vers le huis clos.
Avec VIVE L’AMOUR, Tsai Ming-Liang filme son idée de l’ennui, de la solitude creusée dans les sillons urbains et bétonnés de Taipei. VIVE L’AMOUR est ainsi le film de tous les paradoxes : la population se multiplie à un rythme effréné et les toits viennent à manquer, pourtant d’immenses appartements demeurent désespérément vides ; les gens ont beau vivre par milliers les uns aux côtés des autres et se côtoyer au travail, cela ne les empêche pas de connaître une profonde solitude. Des trois personnages présentés par Tsai Ming-Liang, May Lin parait la plus équilibrée. Elle dispose d’un travail plutôt bien rémunéré (agent immobilier) et vit dans un appartement honnête. Très élégante de surcroît, on peine à imaginer ces maux qui la torturent parfois. Car le travail peut aussi isoler : May Lin s’en rendra compte lorsqu’elle manquera de mourir asphyxiée par le gaz, alors qu’elle prenait un bain. Et si elle était morte là. Seule. Y aurait-il eu quelqu’un pour s’inquiéter de son sort, éventuellement la secourir ? Y aurait-il seulement une personne pour venir extirper son cadavre de l’eau croupie et froide ?
En parallèle, VIVE L’AMOUR nous conte également les histoires de Ah-Jung et Hsiao-Kang (personnage récurrent de l’œuvre de Tsai Ming-Liang). Le premier vit de petits boulots et va tenter de s’accrocher à May Lin. Disposer d’une main moite dans sa paume, d’un lit pour dormir, d’un toit enfin. Pour ne plus voir le ciel et se permettre le luxe de l’imaginer, en rêvant les yeux fermés. Il rencontrera Hsiao-Kang dans l’appartement vide que May Lin essaie péniblement de vendre. Deux jeunes squatteurs un peu déboussolés, qui vont jouer au jeu du chat et de la souris pour ne pas se faire surprendre par May Lin. Cocasse dans un premier temps, la situation évoluera ensuite vers une certaine gravité. Aux gestes posés et calculés de Hsiao-Kang, qui vit dans un luxueux squat comme s’il avait fait cela toute sa vie, on ne peut s’empêcher de répondre par une gêne certaine. Comment un jeune homme mignon et visiblement loin d’être bête, a-t-il pu descendre aussi bas ? La réponse n’est pas simple : des blessures secrètes, une sexualité que Hsiao-Kang peine à affirmer, et quelques gouttes de sang versées sur un trop propre parquet.
| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ Les pointes d’humour ♥ La mise en scène ♥ Le casting |
⊗ Rythme lent |
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| VIVE L’AMOUR pourra paraître un brin trop noir et pompeux au premier abord au spectateur peu habitué au réalisateur taiwanais. Néanmoins, certaines scènes très cocasses devraient vous arracher quelques sourires. Enfin, il faut noter que tout n’est pas si désespéré dans le long métrage de Tsai Ming-Liang. En effet, ce dernier ne réserve pas la même porte de sortie à ses trois personnages, prenant par la même occasion le spectateur à contre-pied. La personne la plus solide en apparence pourrait bien être celle qui aura le plus de mal à se relever. La plus fragile pourrait quant à elle, peut-être, enfin faire un pas en avant sans nécessairement revenir en arrière. Sur ce mal. Ces maux secrets. Ces doutes si discrets. | |
Titre : Vive l’Amour / 愛情萬歲
Année : 1994
Durée : 1h52
Origine : Taiwan
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Tsai Ming-Liang
Scénario : Tsai Ming-Liang, Tsai Yi-Chun, Yang Pi-Ying
Acteurs : Chen Chao-Jung, Lee Kang-Sheng, Yang Kuei-Mei, Lu Yi-Ching
