Takagi, un jeune étudiant en médecine, se réveille un matin sur un lit d’hôpital, la mémoire en grande partie effacée. On lui apprend qu’il a survécu à un terrible accident de voiture. On lui précise également qu’il n’était pas seul, ce jour-là : sa petite amie n’aurait, elle, pas survécu. Malgré les cauchemars, malgré les flous, Takagi va réintégrer l’école de médecine, et lors d’un cours de dissection, il lui semblera reconnaître un cadavre, froidement étalé sur la table. Le jeune homme va alors connaître d’étranges visions… s’agit-il de sa mémoire revenant à la surface de sa conscience ? Takagi n’en est pas convaincu.
Avis de Oli :
Un plan de folie pour commencer (au sens propre comme au figuré), qui enchaîne sur le visage et le regard perdu d’Asano Tadanobu, émergeant de son triste lit d’hôpital. Tsukamoto Shinya nous plonge alors, une heure et demi durant, dans un monde parfois flou, en constant déséquilibre entre l’amour et la déraison.
Difficile de parler de VITAL sans trop en dévoiler, tant le spectacle proposé est d’une froide beauté lorsqu’on l’aborde comme je l’ai fait, c’est-à-dire en n’en connaissant absolument aucune subtilité. Sachez simplement que Tsukamoto renoue ici quelque peu avec ses thèmes de prédilection (violences de la chair et du métal) et approfondit une idée déjà abordée dans SNAKE OF JUNE, à savoir le langage propre du corps. Film quelque peu hybride pour son réalisateur, VITAL se situe d’ailleurs à mi-chemin des démons urbains et de la poésie simple et rurale : le travail effectué sur les couleurs est à ce titre assez stupéfiant, certaines scènes d’extérieur tournées à Okinawa passeraient presque pour du studio tant elles ont été mises en valeur par le sens de la photographie de Tsukamoto.
Au centre de VITAL, un homme, qui voudra en savoir plus sur son passé, son amante, sa moitié…au risque d’en oublier les vivants. La mémoire effacée, il tentera de lever le voile sur le flou qu’est devenue son âme en décryptant les messages cachés dans les entrailles et les chairs d’un cadavre…avant peut-être de s’apercevoir qu’un corps froid ne peut en dire autant qu’un cœur qui bat… D’une finesse inouïe, VITAL propose une réflexion sur le travail du deuil et de la mémoire, tout en dévoilant progressivement une intense et bouleversante histoire d’amour. La dernière image du film est, à ce titre, proprement éblouissante.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La photographie ♥ Le jeu des acteurs ♥ La réflexion |
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Sans aller aussi loin que le chef d’œuvre de la littérature noire NECROPOLIS (de Herbert Lieberman), VITAL est un film qui partage néanmoins des thèmes très particuliers avec le titre précité. Et ça, ce n’est pas un mince compliment. |
Titre : vital / Spirale / Vortex / うずまき
Année : 2004
Durée : 1h26
Origine : Japon
Genre : Amour post-mortem
Réalisateur : Shin’ya Tsukamoto
Scénario : Shin’ya Tsukamoto
Acteurs : Tadanobu Asano, Nami Tsukamoto, Kiki, Kazuyoshi Kushida, Lily, Hana Kino, Gô Rijû, Jun Kunimura, Ittoku Kishibe