Titre : Disco Dancer
Année : 1982
Durée : 2h14
Origine : Inde
Genre : Comédie musicale
Réalisateur : Babbar Subhash
Acteurs : Mithun Chakraborty, Kim Kalpana Iyer, Om Puri, Gita Siddharth, Yusuf Khan, Bob Christo, Master Chhotu, Baby Pinky, Jankidas, Amar Nath, Chandrashekhar, Beena
Synopsis : Jimmy (Mithun Chakraborty) revient à Bombay et devient une star du disco pour se venger de M. Oberoi qui a insulté et fait emprisonné sa mère lorsqu’il était petit. Jimmy tombe amoureux de la fille d’Oberoi (Kim) et provoque la chute de Sam Oberoi alors roi du disco à Bombay.
Avis de Laurent :
Si vous avez cliquez sur cette fiche ce n’est pas par hasard. Probablement blasé par les super-héros chinois en latex ou autre guerre des étoiles turque, vous êtes en manque de sensations fortes. Alors c’est le moment de sortir les spots, la boule à facettes car ce dont vous rêviez, Bollywood l’a fait : le film de dancexploitation ultime et surinfluencé (Grease, la Fièvre du Samedi soir, West Side Story…).
Disco Dancer, réalisation datant de 1982 de Babbar Subbash, est l’histoire de Jimmy un chanteur de rue qui a souffert de la misère et de l’humiliation. David Brown est le manager de Sam, vedette locale de la disco, et ce dernier le vire injustement. Pour se venger, David Brown décide de faire de Jimmy sa nouvelle star (tiens ça me rappelle une émission télé ça).
Jusqu’ici tout va bien … mais à Bollywood on sait dramatiser les histoires et en rajouter un « minimum » pour se réapproprier le sous-genre. Car dans Disco Dancer, tout est ÉNORME ! Ça brille de partout (boule à facettes oblige), les chansons sont nombreuses avec un décor récupéré des aventures de Flash Gordon (j’espère que vous aimez le rouge et jaune à paillettes et les fumigènes réalisés au barbecue). Les costumes atteignent un niveau jamais égalé : ça va du sous-pull acrylique Damart moulant à la veste à franges en papier crépon, sans oublier les mythiques pattes d’eph’.
Après une simple vision du film certains airs ne vous lâcheront plus (essayez de dormir après ça) … à savoir du disco accompagnée au synthé Bontempi, joué avec deux doigts et des refrains de pom-pom girls « D.I.S.C.O. Disco ! » ! On reconnaîtra des versions améliorées de Grease ou autre Ottawan.
Disco Dancer n’est pas qu’une simple comédie musicale épicée au curry, c’est un film bien plus profond, tentant de faire évoluer des traditions bien ancrées dans la société comme ces amours impossibles. Disco Dancer est là pour rassembler et briser les barrières sociales « Un jour tu demanderas un autographe à ce chanteur de rue. Mais pas sur du papier … sur tes lèvres » ; comment voulez-vous qu’une fille de bonne famille résiste à ça ? Qui dit brûlot social implique la violence. Jimmy devra lutter pour atteindre les sommets. Heureusement que la rue lui a permis l’apprentissage du kung fu (attention, le kung fu indien est aussi gracieux que le lancer de marteau biélorusse). Le bruitage grossier des coups portés à 40 cm du visage est impressionnant ! Ça voltige dans tous les sens, ça cogne et ça ne fait pas de quartier : « Frappe-le aussi fort pour qu’il perde la mémoire ». On retiendra la baston inspirée directement de West Side Story, à base de claquements de doigts. John Woo a immortalisé le ralenti sur le gunfight, et bien, Babbar Subhash, c’est le claquement de doigts au ralenti qu’il a popularisé. Jimmy peut être si tendre, c’est un vrai pit-bull au combat … on s’attendrait presque à ce qu’il devienne tout vert et qu’il craque sa chemise lorsqu’on lui explose volontairement sa guitare (car Jimmy est aussi guitar hero à ses heures perdues, son instrument continue même à produire de la musique alors que ses doigts arrêtent de jouer). On retiendra bien entendu la profondeur des dialogues à faire rougir Vercingétorix de honte : « Jimmy, chacun vit sa vie et meurt le jour de sa mort. » ; «Traite ta musique comme ta mère. » (c’est pas de Joey Star ça ?) ; « Si tu ne chantes pas, ta mère sera vraiment morte. » (encore lui ?) ; « Je veux qu’il chante aussi longtemps que le soleil existe. » … et bien d’autres encore.
Au niveau de la réalisation, inutile de vous apprendre que Disco Dancer a été tourné avec des moufles (excepté quelques plans inspirés en accéléré au début, et les scènes de disco), et le montage a été effectué à la disqueuse à jambon, tant les raccords entre certaines scènes sont aussi hasardeux qu’improbables … Mais c’est tout ce qu’on attendait de ce Disco Dancer. Ce bricolage artisanal monstrueux lui confère un charme évident et gagne toute notre sympathie.
En conclusion, de par ses qualités et ses nombreux défauts, ce Disco Dancer, qui a marqué toute une génération, ne peut laisser insensible. Du cinéma total, dans tous ses excès, quelque soit le niveau de lecture. Il reste un film anthologique au-delà de l’Inde puisqu’il a été un énorme succès aussi en Afrique. Essayez de glisser un morceau en soirée et c’est le succès assuré ! Bref c’est du tout bon mais réservé à un public averti.
Note : 8/10