Takakura Shingo découvrira à la mort de son père adoptif qu’il n’a pas été élevé par ses vrais parents. On lui apprendra alors que sa mère est décédée dans des circonstances tragiques, et que son père a mystérieusement disparu. Takakura ne cherchera pourtant pas à se venger. Il va commencer à errer au Japon, et au gré de ses rencontres réalisera que son destin baigne dans le sang depuis trop longtemps.
Avis de Oli :
Alors que le film débute sur des bases que l’on devine classiques et sans surprises, l’histoire va rapidement évoluer pour aller à l’encontre du scénario classique. Ici il est question d’un homme qui apprend que son père n’est pas son vrai père. Que sa mère a été sacrifiée pour d’obscures obligations de clans. Que son destin s’inscrira certainement dans des lettres de sang.
On pense alors voir Takakura Shingo se venger : partir à la recherche de celles et ceux qui sont à l’origine de sa tragique destinée. Et bien il n’en sera rien. Plutôt que de vivre dans la hargne et le désir de vengeance, Takakura va évoluer en homme digne et d’une droiture extraordinaire. Il a pourtant perdu ses parents et perdra des femmes, beaucoup de femmes. Jamais pourtant il ne se laissera ronger par d’obscurs desseins. Au contraire, il repartira toujours de l’avant, avec pour seules richesses sa maîtrise du sabre, son honneur et quelques bouffées d’espoir. Car Takakura veut y croire, à cette possible vie meilleure. Il croira enfin aimer, avant que le sang ne vienne tout souiller. Il croira enfin retrouver un père, en la personne de son nouveau maître, avant que son noir destin ne le rattrape une nouvelle fois.
Cette histoire, intense et poignante, porte la marque de son scénariste : le talentueux Shindo Kaneto. Le film, bien évidemment, est aussi tiré vers le haut grâce à la réalisation de Misumi, qui esthétise là ses scènes comme jamais, ou presque, en nous offrant quelques instants irradiant de violente sensualité sans pour autant jamais trop en montrer (cette femme qui se dénude pour empêcher des tueurs d’assassiner son frère). Il y a également ce duel où Takakura est simplement armé d’une branche de cerisier (une image extraordinaire et si représentative du caractère du rônin) ; le meurtre en ouverture ; la passionnelle exécution de la mère de Takakura par l’homme qu’elle aime. Rien que pour ces quelques scènes, le film mérite d’être vu plusieurs fois.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La tournure que prend le film ♥ L’histoire intense et poignante ♥ La mise en scène |
⊗ … |
Mais comme je l’ai déjà précisé, TUER va encore plus loin, grâce notamment à la photographie de Honda Shozo, à la musique saisissante de Saitô Ichirô, grâce bien entendu au scénario de Shindô Kaneto, qui nous offre ici un personnage d’une beauté qui touche parfois au sublime : le ronin Takakura Shingo. Seul, blessé, maudit. Oui. Mais la tête haute, toujours. Jusqu’à la fin. |
Titre : Tuer / Destiny’s Son / Kiru / 斬る
Année : 1962
Durée : 1h11
Origine : Japon
Genre : Chambara
Réalisateur : Kenji Misumi
Scénario : Kaneto Shindo
Acteurs : Raizo Ichikawa, Masayo Banri, Junichiro Narita, Shiho Fujimura, Shigeru Amachi, Mayumi Nagisa, Matasaburo Tanba, Teru Tomota, Eijirô Yanagi