[Film] The Lady is the Boss, de Liu Chia-Liang (1983)


L’école du vieux maître Wang Hsieh Yun est menacée de fermeture mais un télégramme en provenance de son maître exilé au Etat Unis lui annonce sa venue prochaine pour remédier au problème. Seulement, à la surprise générale, c’est sa jeune fille Chan Mei Ling qui est envoyée pour le remplacer et elle est bien décidée à imposer ses règles et défier l’autorité du vieux maître.


Avis de Ryô Saeba :
Lady is the Boss fait partie des titres méconnus de la filmographie de Liu Chia Liang n’étant jusqu’ici quasiment introuvable. Mais heureusement, Celestial est là pour notre plus grand bonheur afin de nous ressortir le film des profondeurs des archives de la Shaw. En 1983 alors que la Shaw avait déjà commencé à perdre pied face à la concurrence de la Golden Harvest qui possédait dans ses rang Jackie Chan, Sammo Hung ainsi que Yuen Biao et que les kung fu old school commençaient à disparaître face aux comédies d’action lancées par ses mêmes Sammo Hung et Jackie Chan avec des titres comme Winners and Sinners et Project A ; Liu Chia Liang essaie lui aussi de passer le cap et de se moderniser en réalisant Lady is the Boss. Du moins en apparence, car comme la majorité de ses films, Lady is the Boss prône plus que jamais les valeurs nationalistes et traditionnelles chinoises envers la modernité et l’occidentalisation.

Kara Hui joue Chan Mei Ling, la fille du grand maître de l’école de kung fu exilée au Etats Unis qui est envoyée à Hong Kong pour remplacer son père malade en tant que Boss de l’école. Liu Chia Liang lui joue le vieux maître Wang Hsieh Yun, un des quatre grands disciples du grand maître ayant à sa charge cinq élèves. Cette opposition entre cette jeune fille « occidentalisée » parlant un mélange d’anglais et de cantonais qui ne respecte en rien la tradition et ce vieux maître conservateur à la discipline de fer va servir non seulement à des fins comique pour le film mais aussi pour démontrer ce qui ressort de tous les films de Liu Chia Liang, jusqu’à récemment dans Drunken Monkey en 2003, à savoir que les occidentaux sont mauvais, il ne font que pervertir les chinois qui croient en des valeurs traditionnelles.

C’est ainsi que petit à petit, Chan Mei Ling va détruire complètement tout ce qu’avait bâti maître Wang Hsieh Yun durant toutes ses années. Liu Chia Liang a également beaucoup reproché à Bruce Lee d’avoir occidentalisé le kung fu et de ne pas voir en lui un art martial avec toute la philosophie qui l’accompagne mais seulement une maîtrise du combat sans avoir le « Wude » (la philosophie des arts martiaux) ni le « Xiu Yang » (Maîtrise de soi). Une scène du film y fait nettement référence, Chan Mei Ling n’hésite pas à soutenir que toutes les poses et les tenues traditionnelles ne servent à rien, qu’elle ayant appris le sport scientifiquement au Etats Unis est beaucoup plus efficace à tous les niveaux, n’hésitant pas à dire que le kung fu ne sert qu’à se battre. Lorsque l’on sait que Bruce Lee avait lui aussi passé beaucoup de temps aux Etats Unis avant de revenir à Hong Kong, cette scène est la réponse à Liu Chia Liang devant l’engouement suscité par ce dernier. On remarquera que le film est très ancré dans le style des années 80 avec des éléments qui ne trompent pas : les looks complètement ringards, la musique disco et électronique ainsi qu’une fameuse scène de combat avec des BMX très en vogue à l’époque. Sans aller aussi loin que dans Mismatched Couples, l’ambiance 80’s est donc quand même bien présente.

Le film aligne donc les scènes comiques plutôt amusantes dans l’ensemble avec des combats toujours sympathiques jusqu’au ¾ du film où celui-ci redevient un peu plus sérieux lorsque Liu Chia Liang revient sur le devant de la scène pour remettre de l’ordre. Et puis arrive le final, la maestria, le moment dont l’on savoure chaque plan, chaque geste de la part de Liu Chia Liang qui allie une vitesse, une élégance ainsi qu’une maîtrise inégalée dans le combat aux poing. Deux auto-références des plus sympathiques viennent également se greffer au final, avec un Gordon Liu qui se prend pour San Te de la 36e Chambre de Shaolin et puis le fabuleux Hsiao Ho qui nous ressort le grand jeu pour nous refaire un mini final de Mad Monkey Kung Fu où il est tout simplement hallucinant. C’est d’ailleurs également lui qui double tout le monde dans le final au niveau de tous les mouvements de gymnastique, il a définitivement sa place aux cotés de Yuen Wah et Yuen Biao à ce niveau-là.

LES PLUS LES MOINS
♥ L’ambiance 80’s
♥ L’humour fonctionne
♥ Les combats, surtout le final
⊗ Parfois très kitch

Voilà donc une kung fu comédie agréable qui se laisse voir sans déplaisir et qui vaut au moins le coup d’œil pour son superbe final.



Titre : The Lady is the Boss / 掌門人
Année : 1983
Durée : 1h33
Origine : Hong Kong
Genre : Kung Fu Comedy
Réalisateur : Liu Chia-Liang
Scénario : Liu Chia-Liang, Lee Tai-Hang, Huang Pa-Ching

Acteurs : Liu Chia-Liang, Kara Hui, Gordon Liu, Wong Yu, Robert Mak, Cheung Chin-Pang, Hsiao Ho, Johnny Wang, Lam Fai-Wong, Lung Tien-Hsiang, Sun Chien

 Zhang men ren (1983) on IMDb


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Auteur : Ryo Saeba

C’est véritablement Shaolin Soccer qui déclencha un élan de passion à partir duquel il se lança dans la vision de films sous titrés anglais. Et là ce fut le bonheur, il avait devant lui tout un pan du cinéma à découvrir, des genres propres au cinéma de Hong Kong comme le kung fu old school, les girls with guns ou encore le Wu Xia Pian...
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