[Film] The Hole, de Tsai Ming-Liang (1998)


Taiwan. J-7 avant l’an 2000. La ville est ravagée par des pluies torrentielles et par une mystérieuse épidémie. Alors que les autorités ordonnent l’évacuation de la zone de quarantaine et coupent l’eau, certains habitants refusent de partir. C’est le cas de deux voisins qui vivent dans un immeuble abandonné. L’appartement de l’un fuit, inondant celui de l’autre. Entre les deux, un trou qui permet au jeune homme du dessus, fasciné, d’espionner l’étrange comportement de sa voisine du dessous.


Avis de Oli :
Le spectateur déjà bien rodé (re)découvrira avec THE HOLE des thématiques chères à son réalisateur : à la manière de ces bâtiments immenses et immensément vides de VIVE L’AMOUR (en dépit de la forte densité de la population à Taipei), Tsai Ming-Liang nous parle ici à nouveau de solitude. A une nuance près : car avec THE HOLE, Tsai Ming-Liang est allé encore plus loin. Cette fois-ci, il a littéralement vidé Taipei de sa population (en raison d’un virus étrange, seules quelques personnes sont restées dans les quartiers sinistrés). Si les moyens sont différents, la fin est la même : illustrer les difficultés de communication des habitants des villes modernes et bétonnées ; illustrer ce mur que l’on va tous se prendre un jour dans le nez, à mesure que le temps passe et que le passé est oublié.

Tsai Ming-Liang n’est pas pour ainsi dire un grand optimiste dans la vie, et sa désaffection des temps modernes et de leurs ravages qui nous gangrènent ont toujours nourri son inspiration. Néanmoins l’artiste, au contraire de l’homme, entrevoit souvent une porte de sortie, une mince étincelle de lumière, de vie, qui permet d’envisager le moins pire. En effet, il arrive que ses films se terminent sur une note positive (bien que celle-ci soit parfois très subtile).

Je ne vous dévoilerai évidemment pas le final de THE HOLE, mais Tsai Ming-Liang y fait de nouveau étalage de toute sa classe. Avec des thèmes et des acteurs bien connus mais des protagonistes différents, puisqu’ici nous ne suivons plus Hsiao-Kang et sa « famille » mais deux voisins anonymes et isolés, qui ne se connaissent pas. Qui ne se parlent pas. Qui vont pourtant un jour s’entrevoir, par le biais d’un trou pratiqué dans le béton. S’entrevoir pour se haïr ? Pour s’aimer ? Dans un premier temps, pour s’interroger. Et le reste suivra. Peut-être…peut-être pas. Excessivement sombre parfois, le futur de THE HOLE est pourtant génialement ponctué de quelques intermèdes musicaux des années 50-60 qui lui apportent un merveilleux éclaircissement. Un peu comme s’il fallait user de son passé comme d’une béquille pour mieux affronter les douleurs et difficultés à venir.

LES PLUS LES MOINS
♥ La mise en scène
♥ Le casting
♥ Les thématiques de Tsai Ming-Liang
⊗ …

Cinq années après THE HOLE, Tsai Ming-Liang rendra de nouveau hommage au passé au milieu d’un triste et très inondé présent avec le film GOODBYE DRAGON INN. Mais il le fera avec moins de panache et de simplicité. Il faut dire aussi que la tâche était ardue. Ce qui aujourd’hui tend à valoriser encore d’avantage le magnifique travail réalisé sur THE HOLE.



Titre : The Hole / 洞
Année : 1998
Durée : 1h29
Origine : Taïwan
Genre : Science-Fiction
Réalisateur : Tsai Ming-Liang
Scénario : Tsai Ming-Liang, Yang Pi-Ying

Acteurs : Yang Kuei-Mei, Lee Kang-Sheng, Miao Tien, Tong Hsiang-Chu, Lin Hui-Chin

 The Hole (1998) on IMDb


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Auteur : Oli

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