[Film] The Blood Rules, de Marco Mak (2000)


Trois compères, tueurs et voleurs professionnels de leur état, sont passés maîtres dans l’art de dépouiller violemment leur voisin. Tout va néanmoins déraper à l’occasion d’une mission qui s’annonçait pourtant aussi banale que les précédentes : pris à parti à la fois par les triades et par les forces de police, les trois amis vont bientôt être amenés à connaître l’enfer.


Avis de Oli :
Des braqueurs roublards au possible et qui n’en sont pas à leur coup d’essai, une mécanique qui parait bien huilée, et un petit grain de sable qui va venir enrailler le tout. Ajoutons à cela quelques tensions au sein du groupe, un chef de triade dont on devine que la lâcheté affichée ne jouera pas en faveur de ses protégés, et on obtient là un aperçu de ce qui aurait pu être un honnête polar, sans grande originalité certes mais qui avec un peu de nervosité et des personnages bien interprétés aurait pu nous faire passer un bon moment. Bon j’arrête là le suspense, de toute manière vous l’aurez déjà compris : THE BLOOD RULES n’a presque rien pour lui, on ne s’y ennuie pas vraiment mais le film est ainsi fait qu’on ne peut jamais rentrer véritablement dans l’intrigue, qu’on ne peut pas s’attacher à un seul des personnages joués.

Dommage car les quelques bad guys qui peuplent l’histoire avaient tout pour nous impressionner, nous faire vibrer sans doute aussi, comme c’est souvent le cas avec les destins tragiques de ces impitoyables gangsters qui ont fait de l’illégalité le berceau de leurs idéaux. Au premier rang de ces bad guys, on retrouve notre Michael Wong adoré, dont le style, le phrasé, la dégaine et la classe multiculturelle ont fait le tour du monde (heu…enfin presque). Ici il incarne un professionnel des mauvais coups, un ayatollah du braquage chirurgical, bref un adepte des plans qui se déroulent sans accroc. Ses succès sur le terrain contrastent néanmoins fortement avec sa vie privée, dont on devine que le morne quotidien l’effraie chaque jour d’avantage. Et oui notre Mike international il est comme ça : il faut que ça bouge, que ça pète, il veut sentir l’adrénaline l’emballer tout entier. Avoir fait un gosse après s’être marié, finalement c’était un peu ballot…

En parlant de Michael Wong, un petit quizz ça vous tente ? Il s’intitule « Découvrez la phrase culte cachée de Mike Wong ». En effet, comme dans les précédentes apparitions du gweilo le plus célébré du cinéma de Hong Kong, celui-ci nous lâche quelques petites répliques qui tuent. Dans BLOOD RULES il n’y en a qu’une qui mérite vraiment le détour : saurez-vous deviner de laquelle il s’agit ?
1/ « I don’t fuck with my partners »
2/ « I don’t fuck with my dog »
3/ « A fuckin’ good cigar is better than sex »
4/ « I don’t give a fuck about that goddamm eunuc ! »

Réponse au quizz :
Il fallait répondre 1 : I don’t fuck with my partners. Il y avait des pièges, c’est vrai. Mais dans ce film Mike n’a pas de chien, il ne fume pas le cigare (pour une fois), enfin il ne fait aucune référence aux eunuques, et ce même si dans BLOOD RULES il y a un jeune castré qu’il ne porte plus vraiment dans son cœur.

Bon, où en étions-nous ? Ah oui les fans de Michael Wong ne devraient pas être dépaysés : on retrouve en effet son jeu peu inspiré, pas monolithique mais presque, sa petite voix de crécerelle et son fameux cantonais mêlé d’anglais (ou le contraire). Son personnage ne décolle donc jamais, il n’évolue pas au fil du récit et c’est un des gros points noirs du film. Car pour une fois Mike Wong disposait d’un personnage assez fort, très sombre, qui se donne corps et âme à ses affaires infernales, oubliant famille, femme et enfant. Hélas le film ne va rester qu’à la surface des choses, et le personnage de Mike se révélera sans surprise aucune, le spectateur averti s’amusant presque à anticiper la moindre de ses réactions. A ses cotés il n’y a guère que Lam Suet et Lam Tin Wong qui tiennent la route (merci à l’école Milkyway). Il faut bien reconnaître en effet que le jeu de Suki Kwan (THE VICTIM) est proche de la catastrophe artistique, la prestation de Jackie Lui enfin, est si insipide qu’elle nous ferait presque oublier sa fameuse participation au film THE MISSION.

Avec des personnages flirtant constamment avec le bancal, parfois avec le ridicule aussi, il aurait au moins fallu une histoire phénoménale pour rattraper le tout. Ou alors une réalisation de qualité. Hélas ici nous n’avons rien de tout cela. Tout d’abord l’histoire est d’une simplicité enfantine, peuplée de personnages caricaturaux. Ensuite la réalisation n’est jamais vraiment inspirée : on passe du plan parfaitement anonyme à la maladresse totale… Marco Mak n’est pas un génie, on le savait déjà. Au mieux parfois on peut dire de lui qu’il est un honnête faiseur. Dans BLOOD RULES il n’en va même pas ainsi, les quelques scènes d’action du film (qui n’en comporte finalement que très peu) étant en effet presque toutes ratées : sans rythme, nerf ou ingéniosité, les scènes d’action sont ici simplement illustrées par quelques ralentis un peu lourds, des zooms pas vraiment justifiés.

LES PLUS LES MOINS
♥ Michael Wong
♥ Quelques personnages sympathiques…
♥ Visuellement joli
⊗ Michael Wong
⊗ …mais peu attachants
⊗ Les scènes d’action

Au final THE BLOOD RULES pourrait, très éventuellement, vous accompagner l’espace d’une petite soirée si vous n’avez rien d’autre à faire. Vous le verrez rapidement, peut-être en vous amusant des maladresses de l’ensemble…oui peut être.


Titre : The Blood Rules / 行規
Année : 2000
Durée : 1h38
Origine : Hong Kong
Genre : Polar / Triade
Réalisateur : Marco Mak
Scénario : James Yuen, Law Yiu-Fai

Acteurs : Michael Wong, Suki Kwan, Jackie Lui, Lam Suet, Wong Tin-Lam, Stephen Au, Crystal Tin, Wai Lit, Philip Keung, Yang Hsiung, Pauline Yam, Shelley Cheung

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Auteur : Oli

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