[Film] Tales of the Unusual, de Mamoru Hosi, Masayuki Ochiai, Hisao Ogura et Masayuki Suzuki (2000)


Coincé dans un hall de gare par une pluie battante, un groupe de personnes écoute les histoires d’un mystérieux homme en noir : les survivants d’un crash aérien doivent tenter de survivre à une tempête de neige et vont vivre une nuit de terreur absolue, un samouraï découvre un téléphone portable, un champion d’échecs déchu se lance dans une partie où sa propre vie est mise en jeu et deux jeunes amoureux sur le point de se marier ont un aperçu de leur futur grâce à la réalité virtuelle. Quatre histoires très différentes, tour à tour horrifiques, drôles, inquiétantes ou romantiques, mais ayant toutes en commun de faire basculer la réalité dans l’étrange.


Avis de Kwaidan :
TALES OF THE UNUSUAL est à l’origine une série télévisée très populaire au japon. Cette anthologie sortie au cinéma regroupe des épisodes inadaptés au petit écran pour diverses raisons comme une trop grande violence ou un budget nécessaire trop élevé…Une chose est sûre, ce n’est pas par manque de qualité qu’ils se sont retrouvés là, chacun d’entre eux remplissant plus qu’honorablement son contrat. TALES OF UNUSUAL est un film inclassable tant les genres diffèrent d’un segment à l’autre, si bien que tout le monde pourra y trouver son compte et passer un excellent moment. Aucune des histoires n’est un chef-d’œuvre mais leur format court, renforçant leur efficacité et évitant toutes longueurs, combiné à de très bonnes réalisations et d’excellents acteurs fait qu’on ne s’y ennuie pas une seconde, même si on n’est pas particulièrement attiré par un des genres abordés. Et c’est là que réside toute la force de TALES OF THE UNUSUAL: contrairement à la plupart des films de ce genre, possédant au moins un segment raté nuisant à l’ensemble, ce dernier parvient à allier quatre très bon sketchs pour aboutir à un excellent film, très varié et efficace.

ONE SNOWY NIGHT, le sketch horrifique, est le premier à ouvrir le bal. De ce segment, on retiendra tout particulièrement l’ambiance extrêmement oppressante instaurée par Masayuki Ochiai. Sombre, parfois cruel, le film possède des scènes très réussies, notamment celles avec l’amie blessée d’Akiko Yada. Plus que par ses quelques effets gores, par ailleurs monstrueusement efficaces, c’est surtout par l’évolution des personnages, à travers leurs regards et par le sentiment de claustrophobie provoqué par les lieux que la tension va crescendo. Un final quelque peu confus ne vient en rien gâcher le plaisir procuré par ce très bon sketch d’horreur psychologique teinté de fantastique, évoquant à certains moments les légendes japonaises sur les fantômes des neiges.

Après vous avoir fait monter le tensiomètre, TALES OF THE UNUSUAL va vous faire hurler de rire avec l’énorme SAMURAI CELLULAR. Après Itto Ogami, après Sanjuro, voici venir le samouraï le plus crétin, le plus lâche, le plus incompétent de tout le japon. Plus intéressé par les parties de jambes en l’air avec sa maîtresse que par les questions d’honneur, ce héros magnifique va voir sa vie bouleversée par une rencontre avec…un téléphone portable. Le paradoxe temporel est une source de gags maintes fois utilisée (LES VISITEURS) et s’avère ici très efficace, mais l’humour du film ne repose pas uniquement sur un anachronisme. Si les scènes entre le samouraï et son téléphone (il faut le voir le traiter d’ennemi et essayer de le sabrer…) et les nombreux quiproquos résultant de ses communications valent leur pesant de cacahuètes, on se marre aussi grâce à une savoureuse galerie de personnages tous plus timbrés les uns que les autres (la maîtresse, le fils hargneux, l’interlocuteur à la voix insupportable…). SAMURAI CELLULAR est un grand moment de rigolade, vraiment très con mais un grand moment quand même, traversé de très bonnes idées comme par exemple le final dévoilant l’origine de ces multiples appels ou le fait que ces derniers construisent une Histoire dont ils sont censés vérifier la véracité.

Maintenant que vous êtes bien détendus, le film vous propose un nouveau petit coup de stress avec CHESS. Le postulat du segment réalisé par Mamoru Hosi (à ne pas confondre avec Mamoru Oshii, le réalisateur de GHOST IN THE SHELL et AVALON) évoque THE GAME de David Fincher. Un champion d’échecs, ayant sombré dans la déchéance suite à sa défaite face à un super ordinateur, va affronter un vieux milliardaire mystérieux dans une partie infernale où chaque pion est un être de chair et de sang. Le film enchaîne des visions complètement surréalistes (le cauchemar où le héros est attaqué par des pions gigantesques ou lorsque le jeu envahit dangereusement sa réalité) et des idées bien sadiques dans un climat de plus en plus paranoïaque. Dommage que la fin, très conventionnelle, vienne gâcher les choses en étant en complète rupture de ton avec ce qui précède (un problème que l’on retrouvait également dans le film de Fincher). Reste suffisamment d’idées intéressantes pour que CHESS maintienne le niveau de qualité instauré par les deux précédents épisodes.

Après l’horreur, le rire et le suspens, TALES OF THE UNUSUAL fait place à un peu de romantisme dans son ultime segment. THE MARRIAGE SIMULATOR est une petite histoire teintée de science-fiction sachant être touchante tout en évitant de sortir les gros violons et portée par un très bon duo d’acteurs. Je ne suis pas un grand fan de ce genre de film (seul Kitano, avec son bouleversant DOLLS, a réussi à me scotcher devant une œuvre purement romantique) mais je dois avouer que celui-ci se laisse suivre avec plaisir. La durée a beau être courte, les personnages sont plus vrais et mieux observés que dans de nombreux film romantiques qui, en deux heures bien ronflantes, n’arrivent pas à la cheville de ce sketch. De plus, l’idée du simulateur, même si elle reste classique et discrète, contribue toujours à accroître l’intérêt des amateurs de fantastique pour cette jolie histoire sur l’apprentissage de la vie de couple, le hasard et l’amour surmontant tous les obstacles. THE MARRIAGE SIMULATOR clôture calmement l’anthologie sur une note joyeuse et optimiste.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des sketchs de qualité égale
♥ Brasse un peu tous les genres
♥ Bien mis en scène
♥ Un casting au top
⊗ …

TALES OF THE UNUSUAL est l’assurance de passer un très bon moment. Devant la qualité de ces quatre sketchs, on a envie de demander au conteur la même chose que le vieil homme dans les derniers instants du film : encore une histoire, encore plein d’histoires…



Titre : Tales of the Unusual / 世にも奇妙な物語 映画の特別編
Année : 2000
Durée : 2h06
Origine : Japon
Genre : Horreur / Comédie / Suspense / Romance
Réalisateur : Mamoru Hosi, Masayuki Ochiai, Hisao Ogura, Masayuki Suzuki
Scénario : Motoki Nakamura, Masayuki Ochiai, Tomoko Aizawa, Ryōichi Kimizuka

Acteurs : Renji Ishibashi, Masahiro Komoto, Kazuyuki Aijima, Ren Osugi, Izumi Inamori, Takashi Kashiwabara, Kiichi Nakai, Mehumi Okina

 Yonimo kimyô na monogatari - Eiga no tokubetsu hen (2000) on IMDb


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Auteur : Kwaidan

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