Buppah se retrouve enceinte après avoir cru à l’amour d’un jeune, riche et beau jeune homme, qui de son côté ne l’a draguée que par jeu. Quelque temps plus tard, la concierge la retrouve morte. Mais l’appartement qu’elle habitait semble maintenant hanté, et l’esprit de Buppah commence à semer le trouble.
Avis de Yume :
Il y a déjà quelques temps, plus exactement lorsque le dvd de Rahtree était arrivé chez moi, j’avais rapidement passé le film en avance rapide. Ce que j’avais vu ne m’avait alors guère plu, le film ne semblant en aucun cas montrer de zombies comme l’annonçait la jaquette (la raison pour laquelle j’avais acheté le film, malgré l’absence de sous titres). Le film fut donc rangé dans la pile des films à ne pas voir de toute urgence. Et je dois le confesser, ce fut une belle erreur, car Rahtree : Flower of the Night est finalement une sacrée bonne surprise cinématographique. Comme quoi…
Tout commence comme un film de romance banal, à savoir, un beau jeune homme qui fait tout son possible pour charmer une belle jeune fille. Le tout sur fond de voix off, et de musique romantique à pleurer. Une fois la jeune fille dans son lit, le beau gosse de service montre son vrai visage. Il a filmé les ébats et montre ses exploits à sa bande de potes. La fille quant à elle apprend qu’elle est enceinte. Et là le film bascule. Fini la romance dramatique lourde (c’est d’ailleurs un bel exercice de style que d’avoir fait son début de film pour ce qu’il n’est pas), Buppah décide de mettre fin à ses jours. Place donc maintenant au film de fantôme, malheureusement entrecoupé de comédie plus ou moins lourde. S’il faut reconnaître une qualité majeure à Rahtree : Flower of the Night, c’est bien la maîtrise totale des scènes de suspens, voire même d’horreur. Le réalisateur Yuthlert Sippapak ne fait pourtant pas dans la démesure. La recette est classique mais formidablement mise en scène. Un des meilleurs exemples est à ce titre la scène totalement prenante où Buppah pleure et crie dans ses toilettes. Du sang coule en quantité de ses veines, jusqu’a se répandre dans une bonne partie de l’immeuble. Chaque occupant de cet immeuble ressent en plus ce phénomène comme provenant de leurs propres cabinets. Grâce à une mise en scène inspirée, et aux cris de détresse horrifiques de Buppah, la scène réussit l’exploit de faire peur. Et ce n’est pas une mince affaire. Pourtant malgré l’aspect zombiesque et effrayant de Buppah, cette dernière ne se montre que rarement violente. Elle semble perdue, et déambule, faisant fuir ceux qui la croisent. Puis le jeune homme du début revient, et là Buppah a retrouvé son visage normal.
En fait, le scénario de Rahtree : Flower of the Night n’est qu’une relecture un peu plus trash du classique thaïlandais Nang Nak. A savoir un homme qui revient de la guerre et retrouve son épouse et son enfant. Pourtant, tout le monde semble fuir la jeune femme et l’enfant, et ceux-ci s’avèrent être des fantômes (on peut aussi retrouver cela dans par exemple Les Contes de Lune Vague Apres La Pluie de Mizoguchi). Ce n’est d’ailleurs pas le seul clin d’œil que l’on peut noter dans le film. Le plus flagrant de tous reste quand même celui à L’Exorciste. En effet, la concierge de l’immeuble fait appel à des exorcistes de diverses religions pour faire fuir le fantôme de l’appartement, et on a donc le droit à un passage avec un prêtre catholique qui se fait vomir dessus par une Buppah assez effrayante (la manque de sous titres fait que je n’ai rien compris à la tirade de Buppah face à ce prêtre, mais l’hommage au chef d’œuvre de Friedkin a dû continuer même dans les dialogues). Les passages avec les différents exorcistes sont au demeurant assez intéressant car représentatifs d’un panorama culturel et religieux de la Thaïlande.
Reste que les très bons passages de film d’horreur sont presque gâchés par l’alternance de scènes comiques. Il faut avouer que pour une fois le film ne cède pas à un humour lourdingue, fait de grimaces, de surjeu d’acteurs et autres ficelles à deux francs. Les deux ladyboys de service sont pourtant bien présents (on finit par s’y habituer), cantonnés à un rôle pseudo comique. Mais ce qui choque surtout, c’est la longueur de scènes n’ayant que peu ou pas de rapport avec l’histoire principale. On y fait la connaissance d’habitants de l’immeuble, dont un groupe de rappeurs dont les chansons font partie de la BO du film. Ces scènes auraient pu, voire du, être considérablement raccourcies. Le film dure en effet un peu moins de 2 heures et est constamment plombé par des passages comiques inutiles au déroulement scénaristique. Un autre point à applaudir, une fois n’est pas coutume en Thaïlande, est le jeu des acteurs. Il y a bien sur un bon lot de cabotinage, notamment les deux ladyboys. Mais la plupart des acteurs restent raisonnablement sobres. Avec, notons-le, une très belle performance de la trop rare Chermarn Boonyasak (Ploy). Déjà vue rapidement dans Last Life in The Universe dans le rôle de Nid (la petite sœur de Noi), cette actrice semble pleine d’avenir. Si tant est qu’on lui propose de vrais rôles. Il est si rare de tomber sur une actrice potable en Thaïlande, qu’il serait dommage de voir gâcher un tel potentiel.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les passages horrifiques ♥ Les hommages ♥ Le jeu des acteurs |
⊗ Les moments comiques ⊗ Des longueurs |
Rahtree : Flower of the Night est donc finalement une sacrée bonne surprise en provenance de Thaïlande. Ce n’est certes pas un bon film. Mais c’est un film divertissant et frais, qui se regarde sans déplaisir. Une chose rare avec les productions thaïes. Alors, il ne faut pas se priver de ces quelques bons moments cinématographiques. |
Titre : Rahtree ! Flower of the Night / Buppah Rahtree / บุปผาราตรี
Année : 2003
Durée : 1h49
Origine : Thaïlande
Genre : Appartement hanté
Réalisateur : Yuthlert Sippapak
Scénario : Yuthlert Sippapak
Acteurs : Laila Boonyasak, Krit Sripooseth, Chompunoot Piyapane, Sirisin Siripornsmathikul, Ampon Rattanawong, Somlek Sakdikul