Visha et Swati emménagent dans un appartement où l’ancienne locataire a été retrouvée défenestrée. Cela ne semble pas gêner Visha mais il préfère cacher la vérité à sa femme pour ne pas l’inquiéter. C’est alors que cette dernière commence à avoir un comportement étrange : vision, somnambulisme et trouble de la personnalité.
Avis de Laurent :
On apprécie habituellement le cinéma indien pour sa fraîcheur et son décalage par rapport aux référentiels occidentaux … Mais que penser d’une incursion dans le cinéma de genre et plus précisément dans le cinéma d’épouvante ? Bhoot va vous donner la réponse en s’emparant d’un thème déjà vu et revu : l’appartement hanté. On pense tout de suite à Dark Water comme référence et à son immeuble insalubre. Bhoot propose sa version de l’immeuble glauque et cauchemardesque. Aucun humour. Pas de couleurs luxuriantes. Pas de chanson. Pas de danse. En définitive Ram Gopal Varma ne se concentre que sur une chose : faire peur et on est tout de suite placé dans l’ambiance avec ce message d’avertissement : » L’unique but de mon film est de vous effrayer, il ne reflète en aucun cas mes croyances au surnaturel. Je tiens à prévenir les femmes enceintes et les cardiaques, qu’ils le regardent à leurs risques et périls. » On croit rêver.
Un jeune couple emménage dans un appartement où l’ancienne locataire Manjeet a été défenestrée. Visha préfère taire l’événement à sa femme Swati pour ne pas l’affoler. Seulement Swati sent une présence dans l’appartement et commence à avoir un comportement plutôt étrange. Le Docteur Rajan se charge de soigner la jeune femme apparemment atteinte de trouble de la personnalité. Vu de chez nous il n’y a rien d’original dans ce scénario. Rien d’original dans ce cadre urbain. Rien d’original dans le fond et dans la forme dans Bhoot. Mais d’une efficacité aussi percutante que dans les classiques du genre, à savoir Dark Water et l’Exorciste. Car Bhoot fait peur et c’est bien là le principal. Merveilleusement bien interprété par Urmila Matondkar (à contre-emploi de sa plastique sulfureuse) qui offre un visage squelettique, et donne à son personnage de Swati toute la crédibilité sur laquelle repose le film. Des personnages secondaires inquiétants viennent alourdir l’atmosphère comme cette servante dérangée ou le gardien d’immeuble psychopathe.
La principale qualité de Bhoot est donc de nous faire peur avec pas grand-chose. Une vision d’ascenseur, un bruit de sonnette, un plan sur un miroir, le regard d’une poupée d’enfant … le tout accompagné d’une bande son du niveau de ses modèles que son Ring de Nakata ou Ju-On de Shimizu. Enfin, Ram Gopal Varma délaisse les couleurs chatoyantes du cinéma indien pour une photographie froide et presque monochrome afin de se mettre à l’écart des repères classiques et exclure le spectateur indien de son univers habituel afin de le mettre encore plus mal à l’aise. Très minimaliste en effets spéciaux et en maquillage, toute l’efficacité du film repose donc sur son interprétation, sa mise en scène et ses effets sonores.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Très bonne ambiance ♥ Les personnages secondaires ♥ Très efficace |
⊗ Rien d’original au final |
En définitive, Bhoot est donc une très grande réussite et a les honneurs d’être à la hauteur des grands classiques du genre. Il est à noter que ce qui n’est pas original chez nous l’est tout particulièrement en Inde où cette réalisation met à l’écart tous les codes de son cinéma populaire pour en faire un film accessible à l’exportation. Bhoot sera néanmoins un des plus gros succès au box-office indien en 2003. |
Titre : Bhoot / भूत
Année : 2003
Durée : 1h53
Origine : Inde
Genre : Epouvante
Réalisateur : Ram Gopal Varma
Scénario : Lalit Marathe, Sameer Sharma
Acteurs : Ajay Devgan, Urmila Matondkar, Nana Patekar, Rekha, Fardeen Khan, Victor Banerjee, Tanuja, Seema Biswas, Amar Talwar, Barkha Madan