Alors qu’en 1979 le Sud de la Chine commence à s’ouvrir à l’Occident, le Nord vit toujours dans le flou. Sans argent, les petits villages du Shanxi survivent comme ils peuvent. A Fenyang, un groupe de jeunes artistes itinérants parvient ainsi à s’en sortir en montant des petits spectacles théâtraux à la gloire de Mao Zedong.
Avis de Oli :
PLATFORM est le second film de Jia Zhang-Ke, et pourtant il s’agit de son premier scénario. Trop ambitieux, le projet fut rapidement rangé au placard au profit d’une autre histoire, XIAO WU ARTISAN PICKPOCKET. Après ce premier (et très réussi) long métrage, le réalisateur décida de s’attaquer enfin à PLATFORM.
PLATFORM c’est dix ans de la vie d’un groupe de jeunes désœuvrés, dix années passées à lutter pour s’en sortir, manger, tout simplement pouvoir travailler : se battre contre le temps qui passe, si lentement lorsque la vie n’est dépeinte que dans des nuances de gris. Alors que la Chine connaît une certaine ouverture sur ses côtes au Sud, le Nord du pays vit toujours dans une certaine ignorance. « On dit que… » ; « Il paraît que… », les jeunes du Nord ne vivent même pas les évènements du Sud par procuration. Non, ils les fantasment. Canton apparaît dès lors comme un Graal inespéré, et lorsque l’un des membres de la petite troupe de théâtre va connaître la chance d’y aller, il sera fêté comme un héros à son retour : magnétophone, musique pop, pantalon à pattes d’éléphant, ces maigres échantillons d’un El Dorado rêvé ne fera qu’entretenir le mythe.
PLATFORM est un constat triste et accablant des oubliés du passage de la Chine dans l’ère moderne. Pourtant le regard du réalisateur ne sombre jamais dans la pitié mal placée, au contraire, ses personnages ne se plaignent jamais, ils vivent, essaient de s’en sortir, malgré ces maux qui les rongent, malgré ce pouvoir qui les étouffe (scène surréaliste où des policiers surprennent deux jeunes au lit, ceux-ci n’étant pas mariés ils seront questionnés comme de vulgaires malfrats). Fenyang et son paysage de fin du monde, cette jeune femme et sa douleur jugée égoïste par certains lorsqu’elle doit se décider à avorter, le courageux cousin qui se tue à la tâche dans une mine pour payer des études à sa sœur, tous ces grands drames et ces petits tracas comme compagnons pour la vie, comme tristes voisins du quotidien.
Dix années de galère dans le froid, parfois la peine, dix années pour rien diront certains, puisque la suite des évènements décrits par Zhang-Ke Jia dans XIAO WU (film qui fut donc tourné avant mais dont les faits se déroulent juste après PLATFORM) sont tout aussi sombres : économie planifiée, expropriations, chômage, la ville de Fenyang des années 90 nous apparaît dès lors comme une éternelle suppliciée. Fenyang, dont le seul tort finalement, est d’être une simple petite ville du Nord.
| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ Les thématiques abordées ♥ Les personnages attachants ♥ Bien mis en scène |
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| « PLATFORM montre plus la réalité de la vie qu’une déception par rapport à elle ». Jia Zhang-Ke. | |
Titre : Platform / 站台
Année : 2000
Durée : 2h34
Origine : Chine
Genre : Drame
Réalisateur : Jia Zhang-Ke
Scénario : Jia Zhang-Ke
Acteurs : Wang Hongwei, Zhao Tao, Jing Dong Liang, Tian Yi Yang, Bo Wang
