Takezo et Matahachi font partie des survivants de la bataille de Sekigahara, et se réfugient chez une femme qui profite des batailles pour dévaliser les cadavres avec l’aide de sa fille. Les deux femmes les cachent des soldats de l’armée Tokugawa qui recherche les survivants du camp ennemi pour les tuer. Matahachi tombe sous le charme de la mère, et décide de la suivre, abandonnant Takezo. Ce dernier décide de revenir à son village natal pour prévenir Otsu, la fiancée de Matahachi, que ce dernier est vivant mais avec une autre femme. Il est poursuivi par des soldats, et trouve refuge dans la forêt.
Avis de Yume :
Miyamoto Musashi, voilà un nom qui ne peut être inconnu pour ceux qui s’intéressent au Japon et à son histoire. Véritable légende nippone, Musashi est un sabreur talentueux au physique imposant qui va traverser la mémoire collective grâce au traité des Cinq roues puis au roman de Eiji Yoshikawa, bestseller mondial. Et comme toute légende vivace, l’histoire de Miyamoto Musashi fut maintes fois adaptée au cinéma, la plus connue des adaptations étant bien sur la trilogie de Inagaki Hiroshi avec Toshiro Mifune, qui fut mondialement récompensée en son temps. Il est donc difficile pour commencer de ne pas faire de comparaison entre le Musashi de Inagaki et celui de Tomu Uchida. Pourtant, ça serait une grave erreur à commettre, qui ferait tout simplement oublier l’une par rapport à l’autre selon les goûts de chacun. Et même si à la fin du visionnage de Zen & Sword, mon premier réflexe fut de le comparer mentalement avec le premier de la trilogie d’Inagaki, je me suis vite rendu compte que c’est plutôt du côté des romans d’Eiji Yoshikawa que je devais chercher.
En décidant d’adapter le roman, Tomu Uchida et ses scénaristes Masahige Narusawa et Naoyuki Suzuki ont décidé de coller au plus près de la trame conçue par Eiji Yoshikawa, s’attachant à décrire les détails, les relations entre les personnages principaux etc… Ce n’est donc pas étonnant que Zen & Sword soit juste la première des 6 parties qu’il faudra à Tomu Uchida pour conter aussi fidèlement que possible l’histoire de Miyamoto Musashi. Le film commence donc lors de la bataille de Sekigahara en 1600 et se clôt par son isolement de plusieurs années. Et force est de constater que Zen & Sword est un film efficace et prenant. Son rythme est assez soutenu, la réalisation est vive bien que suprêmement classique, et on y retrouve le charme surprenant et attachant des films tournés en studio, avec ses arrières plans assez flous et vifs en couleurs. Pourtant le film se pare quand même de quelques scènes apparemment tournées en extérieur, comme une poursuite à cheval. On retrouve même à quelques moments des scènes assez inoubliables par leurs photographies ou leur originalité. Je pense particulièrement au moment où Takezo entre dans le cachot qui sera sa maison de longues années, et qui entend et voit des esprits de samouraïs décédés. Il règne alors une véritable ambiance digne d’un Kaidan eiga.
Mais les vrais points forts du film sont ailleurs. Je commencerai par parler de la musique, composée par le grand Akira Ifukube, compositeur génial et assez incontournable de toute une époque, ayant travaillé sur des films comme les premiers Zatoichi, un grand nombre de films de sabre, mais étant surtout connu pour une série nommée Godzilla. Le score du film colle donc parfaitement à l’ambiance et aux émotions de chaque scène, Ifukube préférant ici laisser de côté les cuivres lourds de Godzilla pour des instruments plus doux (à cordes majoritairement). Le second point que je tiens à saluer est l’interprétation, dont majoritairement celle de Kinnosuke Nakamura dans le rôle de Takezo. La plupart des acteurs correspondent évidemment bien à leurs rôles, mais Kinnosuke Nakamura sort du lot avec une interprétation vive, efficace, pleine de fureur à l’image du fougueux Takezo des romans. Il faut dire que bien qu’assez inconnu de prime abord, Kinnosuke Nakamura est un acteur qui a le physique du rôle comme en témoigne sa longue filmographie de rôles de samouraïs (incluant celui de Ogami Ito de 1983 à 1986). Sa stature est donc un réel bénéfice pour le rôle, la vrai Musashi étant supposé être une force de la nature. Mais au-delà de ce physique, Kinnosuke Nakamura met toute sa rage dans le rôle, explosant littéralement dans les scènes de colère de Takezo, si bien que le coté animal du personnage ressort avec force. Mais ce rôle en ferait presque oublié l’interprétation fine et subtile du moine Takuan par rentaro Mikuni, qui seul point noir pour moi parait désespérément jeune pour le rôle de ce personnage.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Réalisation efficace… ♥ Un film prenant grâce à un rythme soutenu ♥ Très bonne bande son ♥ L’interprétation des acteurs |
⊗ …bien que classique |
Finalement, Zen & Sword est un très bon prélude à une série qui s’annonce ici intéressante à suivre bien que le spectateur en connaisse sûrement les tenants et aboutissants dès le départ. Mais malgré toutes ses qualités, Zen & Sword ne se suffit évidemment pas à lui-même en tant que film isolé. |
Titre : Miyamoto Musashi I: Zen and Sword / Zen and Sword
Année : 1961
Durée : 1h50
Origine : Japon
Genre : Naissance d’une légende
Réalisateur : Tomu Uchida
Scénario : Masashige Narusawa, Naoyuki Suzuki
Acteurs : Kinnosuke Nakamura, Akiko Kazami, Wakaba Irie, Isao Kimura, Chieko Naniwa, Kusuo Abe, Rentarô Mikuni, Tokubei Hanazawa, Minosuke Bandô