Un fabriquant de jouets bon pour l’asile transforme des personnes vivantes en mannequins… Un air de déjà-vu ? Méfiez-vous des apparences !
Avis de Kwaidan :
Onirique, surprenant, gore, drôle, inquiétant… MARRONNIER est tout cela à la fois, et bien plus encore. Partant d’une trame archi-classique, le film de Hideyuki Kobayashi ne ressemble pourtant à aucun autre. Aussi jouissif à regarder qu’impossible à décrire, cet énorme délire cauchemardesque s’aventure avec bonheur hors des sempiternels « Ring-like » et leurs fantômes aux cheveux longs pour se poser comme un des plus fascinants films de jouets démoniaques de l’histoire du cinéma.
Une des grandes originalités de MARRONNIER vient de son casting composé essentiellement de célèbres auteurs de mangas horrifiques. Les amateurs du « MANOIR DE L’HORREUR » pourront ainsi, par exemple, découvrir le visage d’Ochazukenori dans le rôle du fabriquant de poupées ou encore Junji Ito dans le rôle d’un peintre légèrement dérangé. S’il est vrai que ces artistes ne sont peut-être pas aussi à l’aise devant une caméra que derrière leurs planches à dessins, pour les amateurs, cela reste une distribution définitivement culte.
MARRONNIER déstabilise par sa manière d’allier des éléments comiques à des séquences d’une cruauté sans nom. Il n’y a qu’à voir la fuite des deux héroïnes, lorsque l’une d’elles, armée d’une énorme hache, revêt soudain un costume rouge tout droit sorti d’un jeu de baston pour affronter le psychopathe. Si le combat fait bien marrer par son côté volontairement poseur, la façon dont les adversaires se mutilent fait par contre carrément froid dans le dos. Car quand Kobayashi se lâche dans le sadisme, il ne fait pas les choses à moitié comme en témoignent le meurtre de la lycéenne ouvrant le film ou encore la trouvaille de la machine à coudre. Mais au-delà des fulgurances gores, c’est surtout les séquences les plus oniriques qui hanteront les mémoires. Normal : c’est là qu’interviennent les fameuses poupées.
En plus de son petit rôle, Junji Ito, le papa de TOMIE et des spirales infernales d’UZUMAKI, assure le design des poupées en prenant pour modèles tout le casting féminin du film. Les talents de marionnettiste de Kobayashi sont parvenus à donner vie à ses dessins de manière hallucinante, avec une fidélité jusqu’alors inégalée. L’alliance de leurs génies respectifs donne aux vedettes de MARRONNIER une apparence aussi unique qu’inoubliable, en particulier pour les poupées de taille humaine qui se déchaînent sur la fin (« l’araignée », absolument terrifiante !). Des figures de cire d’une beauté et d’une sensualité troublante, face auxquelles on ne peut s’empêcher d’éprouver un profond, et délicieux, sentiment de malaise.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un casting original ♥ Le mélange humour/cruauté ♥ Les séquences oniriques ♥ Les fulgurances gores |
⊗ Difficile d’accès |
Film d’horreur avec des poupées qui n’a strictement rien d’un ersatz de Chucky, MARRONIER mélange allégrement épouvante gothique, slasher sadique et thriller psychologique pour un résultat certes parfois un peu confus mais dont les innombrables qualités, notamment visuelles, ont vite fait d’estomper les quelques défauts. Avec des bouts de ficelles, Kobayashi est parvenu à créer un univers qui marquera durablement ceux qui seront parvenus à y pénétrer mais risquera aussi de s’attirer un bon nombre de féroces détracteurs. Dans les deux cas, son film ne laisse pas indifférent et c’est bien là le plus important. |
Titre : Marronnier / マロニエ
Année : 2003
Durée : 1h20
Origine : Japon
Genre : Oh oh oh jolie poupée, tu me fais flipper
Réalisateur : Hideyuki Kubayashi
Scénario : Hideyuki Kubayashi
Acteurs : Mayu, Hiroto Nakayama, Yuriko Anjho, Miyako Cojima, Hime, Haruna Hoshino, Misao Inagaki, Takanori Kagami, Hideyuki Kubayashi, Miyako Koga