[Film] Les Menottes Rouges, de Yukio Noda (1974)


Un jeune apprenti part à la recherche de l’homme qui l’a trahi et qui a tué son père afin de se venger. Sur son chemin, il croise une jeune femme aveugle avec laquelle il se lie d’amitié et promet de l’aider à retrouver la vue.


Avis de Yume :
La première chose que je me suis dit en mettant le film dans le lecteur dvd est ça y est ! je vais enfin pouvoir voir ce Zero Woman premier du nom ». Il faut dire que le film est largement précédé d’une réputation plus que flatteuse, et souvent décrit comme un équivalent aux fameux premiers films de la saga Sasori.

Pourtant à bien y regarder, Sasori et Zero Woman sont assez formellement opposés, et c’est plutôt du côté des personnes à l’origine des films qu’il faut chercher la comparaison. En effet Zero Woman, tout comme Sasori, est basé sur un manga Toru Shinohara, adapté pour le cinéma par le tandem Fumio Konami et Hiro Matsuda. La thématique des deux films est donc assez proche : une femme forte, froide, quasiment indestructibles tant physiquement que mentalement qui va évoluer et subir les pires supplices pour finalement vaincre. Rien de très original sur le fond. Mais c’est sur la forme que Zero Woman se distingue de son ancêtre. A bien y regarder, je rapprocherai plus la réalisation des Menottes Rouges des films de Fukasaku plutôt que Ito ; la présence à la réalisation de Yukio Noda aidant pour beaucoup à cette comparaison, ce dernier ayant précédemment travaillé avec Sonny Chiba, donc sur des films plutôt masculins.

Formellement, Les Menottes rouges présente donc un univers froid, dur, malsain, terne, et ultra réaliste, malgré les quelques passages donnant un ton assez pop art au film comme des effets de lumières ou le manteau de l’héroïne, un rouge vif se démarquant tout de suite du reste de l’image. Mais on est bien loin des expérimentations visuelles et artistiques complètement hallucinantes des Sasori, ce qui ne veut pas dire, bien au contraire, que Les Menottes Rouges n’est pas bien réalisé. En effet Ukio Noda emploie avec talent le scope, et attache une importance particulière à la construction des plans, travaillant les moindres détails de ceux-ci. Et tout comme Fukasaku, Ukio Noda réalise certaines séquences avec une caméra portée, rendant la séquence nerveuse et sauvage, un mot qui correspond tout à fait à l’ambiance sulfureuse du film. Car Les menottes rouges est surtout un film violent, nihiliste, contestataire, ou rien n’est épargné au spectateur, qui est de toute façon venu vers le film pour ces raisons précises.

Comme toute bonne majorité des films d’exploitation, la violence est montrée crûment, la mort rodant et attaquant sa proie avec efficacité. Une mort ici représentée par l’Agent de la section Zero, véritable ange de la mort, au visage impassible, au corps de rêve et aux méthodes radicales. Dans le rôle la superbe Miki Sugimoto, habituée aux rôles SM ou de sexploitation, subit des viols, tout en tant rependant la mort de façon froide. A ce titre les geysers de sang sont légions, les combats transpirent la rage, et la morale n’a plus de prise dans ce monde violent, jusqu’à cette hallucinante scène finale filmée de main de maître, traitée comme un western, dans un quartier désert avec des adversaires habillés en cowboy.

LES PLUS LES MOINS
♥ L’univers froid et malsain
♥ Visuellement réussi
♥ La violence / Le gore
♥ L’approche anti-américaine
⊗ Pas très original
Car c’est bien là que le film se révèle contestataire, dans son approche anti-américaine, les ravisseurs buvant du coca cola, s’habillant en GI etc … un message assez lourd sur lequel il est aisé de passer pour finalement ne profiter que du spectacle violent et froid de meurtres, viols, tortures (à noter une sublime scène au chalumeau) de ce film complètement jusqu’au boutiste, véritable pièce majeure de la vague de sexploitation japonaise des 70’s. A ne pas mettre entre toutes les mains, mais il serait impardonnable de ne pas le voir si on aime le genre.



Titre : Les Menottes Rouges / Zero Woman : Red Handcuffs
Année : 1974
Durée : 1h25
Origine : Japon
Genre : Sexploitation
Réalisateur : Yukio Noda
Scénario : Fumio Kônami, Hirô Matsuda

Acteurs : Miki Sugimoto, Eiji Gô, Tetsurô Tanba, Hideo Murota, Yôko Mihara, Ichirô Araki, Seiji Endô, Hiromi Kishi, Rokkô Toura, Iwao Dan, Kôji Fujiyama

 L'aubergine était presque farcie (1974) on IMDb


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Auteur : yume

Un bon film doit comporter : sailor fuku, frange, grosses joues, tentacules, latex, culotte humide, et dépression. A partir de là, il n'hésite pas à mettre un 10/10. Membre fondateurs de deux clubs majeurs de la blogosphere fandom cinema asitique : « Le cinema coréen c’est nul » World Wide Association Corp (loi 1901) et le CADY (Club Anti Donnie Yen).
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