Un jeune apprenti part à la recherche de l’homme qui l’a trahi et qui a tué son père afin de se venger. Sur son chemin, il croise une jeune femme aveugle avec laquelle il se lie d’amitié et promet de l’aider à retrouver la vue.
Avis de Ryô Saeba :
John Woo contrairement à ce que l’on pense n’a pas fait que réaliser Dragon Tamers et The Young Dragons pour ses débuts de réalisateur, mais il signa également 2 autres kung fu sous un pseudo : Fist to Fist et The Mandarin. Tout comme Dragon Tamers et The Young Dragons, Fist to fist est un bon petit kung fu sympathique, bien chorégraphié (par la famille Yuen dans ce cas précis) mais totalement dénué d’identité filmique.
Pas encore de comédie pour ce film, la 1ère kung fu comédie ne viendra que 1 an plus tard en 1975 de Liu Chia Liang avec son Spiritual Boxer, mais une histoire classique de héros vengeur qui va tout faire pour retrouver l’assassin de son père. Mais là où le film est particulièrement intéressant, c’est quand le héros sauve une jeune aveugle de grosses brutes essayant de la violer, tout de suite on pense immédiatement à la scène où Chow Yun Fat sauve Sally Yeh qui se fait agresser dans les poubelles. Mais ce n’est pas tout car une relation d’amitié va se lier entre les 2 personnages et le héros peiné par la situation de la jeune femme va lui promettre que lorsqu’il aura réussi à se venger il reviendra pour l’emmener voir un docteur afin de guérir ses yeux pour que cette dernière retrouve la vue. Et oui 15 ans avant The Killer, Woo avait déjà mis en place dans son Fist to fist l’intrigue qu’il reprendra plus tard, de quoi faire taire les mauvaises langues qui disent que cette idée a été intégralement pompé sur le « Mélodie pour un yakusa » de Masato Harada (même s’il faut reconnaître qu’il s’en est tout de même inspiré).
Niveau mise en scène comme je le disais plus haut, on ne retrouve rien de propre à ce qui sera le style de Woo par la suite au contraire d’un Hand of death par exemple ou l’on pouvait déjà y voir quelques bribes. Mais ça ne veut pas dire que la réalisation soit mauvaise et plate, au contraire, les combats sont très bien filmés et chorégraphiés par l’équipe de la famille Yuen, dont le père Simon Yuen Siu-Tin joue également un petit rôle d’un brave vieillard ivre qui annonce son futur rôle de « Drunken Master ». Mais à Hong Kong, contrairement aux Etats Unis, ce sont les chorégraphes qui s’occupent de tout de A à Z durant les scènes touchant aux combats car ils savent gérer les cadres de telle façon que les doublures ne se voient pas et que le montage soit le plus efficace possible. C’est donc plus à Yuen Woo Ping que à John Woo que l’on peut accorder la réussite de cette réalisation des combats. Yuen Woo Ping et le reste des membres de sa famille bien sûr, vu qu’ils travaillaient souvent ensemble à l’époque. Les stuntmans sont tous joués par des habitués comme Yuen Wah ou Yuen Cheung Yan qui meurent tous 3 ou 4 fois. On remarquera aussi la présence dans l’équipe de Jackie Chan que l’on aperçoit brièvement en arrière-plan, qui a déjà travaillé avec John Woo sur The Dragon Tamers ainsi que sur The Young Dragon et qui obtiendra un rôle plus conséquent dans Hand of Death aux côtés de ses « frères » Sammo Hung et Yuen Biao.
On retrouve bien sur tous les petits coups spéciaux présents dans les kung fu de l’époque avec chaque personnage ayant sa spécificité : l’un utilisant sa longue natte de cheveux afin d’asséner des coups à ses adversaires ou encore des personnages maîtrisant l’art du fouet, du boomerang, du couteau ou de la main de fer. Les artistes martiaux se débrouillent plutôt bien, l’acteur principal est un bon kicker et, associé aux doublures acrobatiques de Yuen Wah qui était, selon une interview de Yuen Biao, le meilleur à ce niveau à l’époque, le rendu final est bien agréable. Autre chose amusante : la musique. Comme souvent à cette époque on ne se prive pas de pomper littéralement tous les grands succès qu’ils soient issues du cinéma Américain ou Français. Ainsi, on assiste à une scène assez incroyable dans laquelle l’héroïne aveugle sort d’une maison un peu perdue et marche doucement sur le thème du Parrain de Coppola. A côté de ça on retrouve également la musique de la série originale Mission impossible pour les thèmes de suspense, mais également la musique de Fantomas ! Sans oublier les musiques de western et de blaxploitation, bref du bon pillage en règle.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Bien chorégraphié ♥ Bonne mise en scène ♥ The Killer, 15 ans avant |
⊗ Assez lambda |
Au bout du compte, Fist to Fist est donc un bon petit kung fu assez intéressant à voir pour la trame de The Killer déjà plus ou moins présente 15 ans avant la réalisation du film, tout comme on pouvait déjà retrouver des personnages de A Better Tomorrow dans Last Hurrah in Chivalry. |
Titre : Les Kamikazes du Karaté / Fist to Fist / 除霸
Année : 1973
Durée : 1h26
Origine : Taïwan
Genre : Kung Fu
Réalisateur : John Woo
Scénario : John Woo
Acteurs : Henry Yu Yang, Huang Tsung-Hsun, Lily Chen Ching, San Kuai, Fong Yau, Leung Siu-Wah, Wang Lai, Sun Lan, Sai Gwa-Pau, Hon Kwok-Choi, Li Ying