Un convoi précieux est convoité par le chef d’un redoutable gang de voleurs, mais c’est sans compter sur l’adresse à l’épée d’un chevalier errant, pauvre mais digne…
Avis de Postscriptom :
Un film absolument passionnant qui inaugure la série de films de cape et d’épée du trio magique Chang Cheh – Ti Lung – David Chiang qui va truster le box-office local pendant très longtemps, et dont le plus célèbre représentant en France est bien sûr le monstrueux LA RAGE DU TIGRE…
Il se présente tout de même comme une œuvre beaucoup plus classique que LA RAGE DU TIGRE : tout tourne autour d’une histoire conventionnelle de convoi à escorter, l’histoire d’amour triangulaire étant aussi beaucoup moins ambiguë… On retrouve d’ailleurs la superbe Li Ching, une des actrices favorites de Chang Cheh, promise cette fois à Ti Lung mais qui est attirée par David Chiang, d’où la méfiance du premier envers le deuxième, leur camaraderie n’intervenant qu’assez tard dans le film… Qui n’en demeure pas moins intéressant justement à cause de cette rivalité car on finit petit à petit par s’attacher aux personnages, leur description psychologique étant dans l’ensemble assez fine et réussie (un fait assez rare pour être souligné dans le monde du film d’arts martiaux…), à part Ku Feng bien sûr qui joue une fois de plus (comme dans LA RAGE DU TIGRE) une grosse ordure (et il le fait si bien…). Quant à la forme on a droit à une belle mise en scène, très posée par moments (le film est parfois un peu inégal au niveau du rythme, c’est son défaut principal, mais pas rédhibitoire…) mais vraiment très réussie et dans un scope resplendissant (pour moi c’est sans conteste un des plus beaux Chang Cheh au niveau de la photographie) …
De plus, rassurez-vous, il y a beaucoup de combats somptueux (et encore très « japonais » dans l’esprit, genre je-tranche-cinq-adversaires-d’un-coup, ce qui n’est pas pour nous déplaire…) et bien sûr ce qui va devenir la marque de fabrique de Chang Cheh, une séquence finale très longue, magnifiquement perverse et sanguinolente à souhait, quand David Chiang gravit les étages d’une pagode (oui, celle des GRIFFES DE JADE !) en affrontant des adversaires de plus en plus coriaces (re-oui, Bruce Lee s’est manifestement inspiré de cette scène pour son inachevé LE JEU DE LA MORT !!), jusqu’à mourir deux fois ( sabré et éventré !!!) dont une dans un « faux » flash-forward resté célèbre (il a la prémonition de sa mort, qui surviendra bien mais d’une autre façon !!!!), ce qui permet à ce fieffé coquin de Chang Cheh de nous offrir deux mises à mort pour le prix d’une de son acteur fétiche !!! Bon je m’emporte, mais c’est tellement too much, presque une sorte de bande-annonce des massacres à venir dans tous les films ultérieurs de la série… Et de nouveau à titre de comparaison j’ajoute que j’ai largement préféré ce film aux deux premiers épisodes du Sabreur Manchot (avec Wang Yu donc) tournés peu de temps auparavant, on sent que Chang Cheh maîtrise encore mieux sa mise en scène, qui culminera dans LA RAGE DU TIGRE deux ans plus tard…
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les personnages ♥ Visuellement réussi ♥ Des combats somptueux |
⊗ Histoire conventionnelle |
Ce SABREUR SOLITAIRE n’a donc vraiment pas à rougir de la comparaison avec ce classique, et constitue donc un plat de choix (sauce ketchup) pour qui veut découvrir un des meilleurs films de l’« ogre de Hong-Kong » ! |
Titre : Le Sabreur Solitaire / Have Sword, Will Travel / The Bodyguard / 保鏢
Année : 1969
Durée : 1h40
Origine : Hong Kong
Genre : Wu Xia Pian
Réalisateur : Chang Cheh
Scénario : Ni Kuang
Acteurs : David Chiang, Ti Lung, Li Ching, Wang Chung, Ku Feng, Chan Sing, Ching Miao, Cheng Lei, Wang Kuang-Yu, Hong Liu, Liu Kang, Cliff Lok, Cheng Kang-Yeh