L’Hirondelle d’or Xie Ru-Yan vit désormais paisiblement dans une vallée, s’entraînant avec son ami Han Tao. Paisiblement jusqu’au jour où leur ami Hu Zhen est blessé gravement et qu’ils se retrouvent cernés par des hommes du clan du Dragon doré. Ce que Ru-Yan ignore alors c’est que derrière se dissimule l’un de ses amis d’enfance Xiao dit le Roc d’argent. Ainsi, cet épéiste solitaire a fait couler le sang dans les environs et ce au nom de l’Hirondelle d’or pour que celle dont il est épris lui revienne.
Avis de Kamï :
1966. Après avoir joué quelques petits rôles (Kingdom & The Beauty, Little Darling), assisté Li Han-Hsiang sur The Love Eternal et réalisé quelques œuvres aujourd’hui oubliées pour la Shaw Brothers, King Hu apprécie enfin son moment de gloire et d’honneur. Sa première incursion dans l’univers de la chevalerie, le premier volet de sa trilogie de films d’auberge, Come Drink With Me connaît un réel succès d’estime. Sa mise en scène est féminine, soigneuse et inspirée. Une danseuse portant le doux nom de Cheng Pei-Pei y crève l’écran. Elle, gracieuse, deviendra la plus grande dame d’épée du cinéma. Lui, méticuleux, quittera avec fracas le Clear Water Bay et réalisera à Taïwan de grandes fresques emplies de sagesse et de magnificence.
1968. Chang Cheh commence à faire parler de lui. De lui et de son cinéma ; brute, cruel et arrogant. Estimé par Run Run Shaw, il se voit proposer la mise en scène de la suite de Come Drink With Me avec pour seule contrainte, la présence de Cheng Pei-Pei. Cheh contourne cette entrave et centre sa réalisation autour de la réincarnation humaine de son cinéma, Wang Yu. Le premier accèdera ensuite au statut de réalisateur incontournable au sein de la compagnie tandis que le second rejoindra la rivale Golden Harvest après un litige contractuel. Confier la réalisation de la suite d’une œuvre aussi subtile que Come Drink With Me à l’auteur de One-Armed Swordsman est des plus aventurés ; Hu et Cheh sont thèse et antithèse. Démarche d’autant plus risquée quand on sait que ce dernier dévoile en ses métrages des portraits de femmes soumises, effacées voir « décoratives » à l’image du personnage de la prostituée Mei-Niang. Par sa mise en scène, il décide de passer sous silence le charisme criant de la féline Pei-Pei pour centrer le récit autour de la rivalité entre Han Tao et Xiao. L’Hirondelle d’or devient alors objet de convoitise.
N’étant pas pour autant un film strictement masculin -Cheng Pei-Pei est loin d’être une actrice transparente au grand désarroi de Cheh-, The Golden Swallow transgresse et trahit Come Drink With Me. Ainsi, la pulsion et l’irrévérence masculine écrasent la sérénité et la naïveté féminine. Les mouvements brutaux de caméra et l’arrogance du jeu d’acteur de Wang Yu s’opposent à la poésie onirique et à la finesse chorégraphique de l’œuvre de King Hu. On est d’ailleurs surpris de voir une petite scène d’auberge que certains pourraient prendre pour un témoignage de respect envers King Hu et à la célèbre scène de Come Drink With Me mais que d’autres considèreront comme une scène contrainte ou dénuée de symbolique.
| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ Le final ♥ Les combats ♥ Le casting |
⊗ Des moments en deçà |
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| Le jeu de la comparaison qualitative se révèle tout aussi hasardeux que l’initiative de ce projet. Autant considérer The Golden Swallow en tant que tel, c’est-à-dire un wu xia pian relativement captivant grâce essentiellement aux performances martiales et présences implacables de Wang Yu et de Chang Pei-Pei et à un dénouement barbare annonçant la conclusion de Boxer From Shantung ou l’une des dernières scènes de Disciples Of Shaolin. « Relativement captivant » puisque restent quelques moments souvent creux, parfois soporifiques parsemés tout du long qui rendent claudicant ce métrage. | |
Titre : Le Retour de l’Hirondelle d’Or / Golden Swallow / 金燕子
Année : 1968
Durée : 1h44
Origine : Hong Kong
Genre : Wu Xia Pian brute
Réalisateur : Chang Cheh
Scénario : Chang Cheh, Tu Yun-Chih
Acteurs : Jimmy Wang Yu, Cheng Pei-Pei, Lo Lieh, Chiu Sam-Yin, Wu Ma, Yang Chi-Ching, Hoh Ban, Liu Kang, Ching Miao, Tang Ti, Ku Feng, Lan Wei-Lieh, Lam Kau
