En 1556, sous le Dynastie Ming, la Chine est envahie par l’armée impériale du Japon. Un village côtier s’apprête à résister, quand surgit un guerrier solitaire. Consumé par la vengeance, l’homme providentiel décide de réunir d’autres puissants guerriers chinois, tous prêts à sacrifier leur vie pour le royaume…
Avis de Oli :
Wang Yu est beau, Wang Yu est fort, Wang Yu est intelligent. Et s’il déteste les Japonais, c’est avant tout parce que ceux-ci sont très méchants. Rien de très surprenant au premier abord donc, dans ce film de la Golden Harvest, où Wang Yu prend une nouvelle fois un malin plaisir à se mettre en scène. Non, rien de très surprenant, ou alors si, juste un petit détail : le film n’est pas mauvais ! Ok, c’est une grosse surprise finalement, je vous le concède, surtout lorsque l’on connaît les maigres talents de Wang Yu en matière de réalisation. Surtout lorsque l’on sait toutes les difficultés que connaît ce dernier lorsqu’il se met lui-même en scène : car à trop vouloir se montrer fort et beau, ça en deviendrait presque ennuyeux (parfois on se dit qu’il a l’air de se trouver tellement intéressant et bien foutu qu’il se roulerait des pelles à lui-même s’il le pouvait).
Qu’est-ce qui fait donc que ce film demeure une agréable surprise, alors que tant d’autres n’étaient que de maladroits navets ? Eh bien il faut tout d’abord avouer que la réalisation est tout à fait correcte. Certes elle ne frise jamais le génie, mais on est loin, mais alors très loin des tonnes d’effets démonstratifs et gratuits dont Wang Yu aime tellement abuser. Les combats sont ainsi bien réglés, avec une réelle volonté de coller à plus de réalisme : exit donc le fakir aux bras qui s’allongent, ici on se rapproche en effet beaucoup plus du chanbara japonais. C’est d’ailleurs loin d’être un hasard puisque LE DIEU DE LA GUERRE s’inspire directement des SEPT SAMOURAIS. Wang Yu en reprend la trame de base, mais tire un trait facile sur le côté humain de l’œuvre de Kurosawa, pour aller directement à l’essentiel : les combats. Le film de Wang Yu emprunte donc tout autant au remake entertainment de John Sturges, LES SEPT MERCENAIRES, qu’au long métrage de Kurosawa. A partir de cette matière première-là, Wang Yu expose une intrigue simpliste au possible : cinq guerriers chinois courageux vont organiser la défense d’un village opprimé par les Japonais. Première phase : le recrutement. Deuxième phase : l’entraînement. Étape finale : la castagne. Si vous connaissez un peu Wang Yu, vous devez vous douter que c’est cette troisième étape qui dure le plus longtemps (presque 40 minutes de fight non stop), et pour être sûr de ne pas perdre de temps en chemin, Wang Yu a purement et simplement effacé toute présence féminine de l’intrigue. Pas une femme, pas même une enfant ou une vieille grand-mère qui pointerait son nez à l’horizon. Non, que des hommes, parce que les femmes ça pleure, ça se plaint tout le temps. On sent là aussi que Wang Yu assume bien plus son petit côté macho, puisque dans certains autres de ses films il y avait malgré tout une petite présence féminine… bon ok, dans LE BOXEUR MANCHOT il passe l’épisode où intervient le personnage principal féminin en avance rapide (véridique). Donc là, pas de soucis à se faire : pas de femmes pour faire une pause entre les combats ou pour enquiquiner les guerriers pendant leur entraînement. Ouf.
Vous l’aurez compris, ce long métrage de Wang Yu est une œuvre qui cumule pas mal de défauts. Oui mais c’est aussi pour ça qu’on l’aime un peu, ce film. Comme c’était également pour leurs énormes lacunes que l’on prenait un certain plaisir à regarder divers navets du réalisateur/acteur hongkongais. Et puis très franchement, ce DIEU DE LA GUERRE est divertissant, véritablement dix coudées au-dessus d’un BOXEUR MANCHOT ou de sa suite. Certes l’intrigue ne casse pas des briques, certes on sent tout venir de très, très loin, mais les quarante dernières minutes de combats sont suffisamment bien réglées pour qu’on ne voie pas le temps passer. Sans oublier le duel final entre notre héros chinois et le méprisant tyran japonais, là aussi plutôt bien ficelé, qui nous réserve quelques petites surprises sympathiques, notamment lorsque Wang Yu s’agrippe aux ailes d’un moulin à vent pour vaincre son ennemi. Un instant magique.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La mise en scène ♥ Les combats ♥ Le très très long final |
⊗ Intrigue simpliste ⊗ Prévisible |
Oui si Wang Yu n’existait pas, il faudrait l’inventer. |
Titre : Le Dieu de la Guerre / Beach of the War Gods / 戰神灘
Année : 1973
Durée : 1h45
Origine : Hong Kong
Genre : Wu Xia Pian
Réalisateur : Jimmy Wang Yu
Scénario : Jimmy Wang Yu
Acteurs : Jimmy Wang Yu, Lung Fei, Tien Yeh, Hsueh Han, Shan Mao, Tsai Hung, Kwan Hung, Min Min, Chang Yi-Kuai, Su Chen-Ping, Hsieh Hsing, Shih Ting-Ken