A l’aube de la Restauration de l’empereur Meiji, un samouraï de basse caste, Munezo Katagiri, secrètement amoureux de la servante Kie, se trouve pris dans les luttes politiques entre clans.
On lui ordonne de tuer son ancien ami Hazama, condamné à la suite d’un complot qui a ébranlé le clan. Il est écartelé entre son devoir, son amour impossible pour Kie, d’une caste inférieure, et la fidélité à son compagnon de sabre…
Avis de Kamï :
Deux ans après la mise en scène du « Samouraï du crépuscule », YAMADA Yôji s’attèle à une nouvelle adaptation des écrits de FUJISAWA Shuuhei, s’inspirant de deux de ses récits, « Griffes de démons » et « Claire de neige », pour le second volet de sa trilogie sur le déclin des Samouraïs à la fin de l’ère Edo, et ce, avant le troisième et dernier chapitre annoncé, « Bushi no Ichibun » (littéralement ; l’âme du samouraï).
« La Servante et Le Samouraï » se veut une réflexion moderne sur le samouraï et une critique sociale du Japon d’antan, dans la lignée des œuvres de KOBAYASHI (Hara-Kiri, Rébellion) et de OKAMOTO (La Forteresse Des Samouraïs). Ses thèmes sont éloquents ; relation ambiguë entre deux personnes de castes différentes, apparition de techniques et armes occidentales, tiraillement d’un samouraï ordonné par son clan d’assassiner son frère d’arme. Et comme le réalisateur de « Samouraï », YAMADA Yôji choisit un contexte bien particulier, le « Bakumatsu » ; certains clans aussi craintifs que décidés tenteront d’apprendre les techniques d’artillerie et les formations de combat occidentales, quand d’autres comploteront la réforme du shogounat. Refusant une certaine gravité, celle d’un KOBAYASHI, le metteur en scène de « La Servante et Le Samouraï » saupoudre son récit de quelques scènes savoureuses et drôles, les « cul-terreux » apprenant tant bien que mal comment courir tout en balançant en leurs bras ou tentant de faire, sans trop de ridicule, une démonstration d’un tir de canon à sa Majesté. Cette même démonstration est l’occasion de voir s’opposer deux visions d’un même Japon, KATAGIRI et son beau-frère essayent de convaincre leurs aînés du bienfondé de l’initiation aux techniques militaires de l’Occident mais ces derniers resteront butés à croire que le temps où le canon remplacera le sabre n’est pas encore venu.
« Pas d’armes à feu. C’est contraire au Bushido. ». Les relations entre le samouraï et la servante semblent n’être qu’un prétexte ; une romance plaisante ayant peu d’incidence dans le récit de KATAGIRI mais permettant de mettre en exergue son « humanisme », son indifférence quant au rang de celle dont il est épris. Sa rébellion sera muette, loin du tumulte que causa celle de SASAHARA Isaburo, et trouvera son origine, ses raisons dans le mépris que les hauts-placés du clan ont pour la mémoire de son père et auront pour le sort de HAZAMA. Mais on est loin d’un brûlot politique ; présentant de nombreuses qualités (le soin apporté à la photographie, aux couleurs et aux détails), « La Servante et Le Samouraï » se rapproche plus de l’œuvre nostalgique d’une époque importante et riche du Japon que du canevas délicat et tragique de la fin de l’ère Edo. En témoigne le dénouement de son film.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les moments drôles ♥ Les 2 visions du Japon ♥ La mise en scène |
⊗ Il manque un petit quelque chose |
Ainsi, YAMADA Yôji n’est pas un réalisateur à poigne comme ceux cités plus haut mais un metteur en scène un peu frivole diront certains, sans doute trop mélancolique penseront les autres. |
Titre : La Servante et le Samouraï / The Hidden Blade / 隠し剣 鬼の爪
Année : 2004
Durée : 2h12
Origine : Japon
Genre : Chambara nostalgique
Réalisateur : Yôji Yamada
Scénario : Yôji Yamada, Yoshitaka Asama
Acteurs : Masatoshi Nagase, Takako Matsu, Hidetaka Yoshioka, Yukiyoshi Ozawa, Tomoko Tabata, Reiko Takashima, Sachiko Mitsumoto, Kunie Tanaka