Isolé dans la jungle thaïlandaise, un village entier est terrorisé par un crocodile géant. Les meilleurs guerriers de la région échouent à le tuer, et chaque jour, le nombre de morts ne fait qu’augmenter. Krai Thong, un jeune et talentueux guerrier, arrive au village et sauve un enfant de la noyade. Tout de suite la population voit en lui un héros et leur futur sauveur. Une nuit, Chalawan, le crocodile maléfique, se transforme en être humain et enlève Tapoakaew, la fille d’un riche propriétaire. Cette dernière annonce comme récompense la main de sa fille disparue et la moitié de sa fortune pour celui qui la retrouve. Amoureux de Tapoakaew, Krai Thong part sans plus tarder à sa recherche.
Avis de Laurent :
Quoi de plus élégant que de débuter l’année par la chronique d’un film de crocodile géant. Pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de Krai Thong, le célèbre remake datant de 2001 du grand classique de 1980 réalisé à l’époque par Neramit (réédité depuis) qui mettait en scène les monstres sacrés que sont Sorapong Chatree et Sombat Mathanee. La légende de Krai Thong est donc un classique du folklore thaïlandais qui a été popularisé sous le règne du roi Rama II (1768–1824) et qui a fait régulièrement sensation dans la littérature et sur les écrans thaïlandais et cambodgiens. Les années passent et les remakes s’enchaînent pour le meilleur et surtout pour le pire … Et cela fait maintenant une décennie que Krai Thong 2001 pollue les étagères de nos vidéos clubs thaïs préférés. Réalisé par un Suthat Intaranupakorn probablement en état d’ébriété avancé, cette magnifique œuvre formolée à la gloire de la célèbre légende thaïlandaise marque les limites du cinéma thaïlandais horrifique du début du second millénaire. Rappelons qu’à cette époque, la production locale sortait d’une longue période de léthargie marquée par des œuvres minimalistes et poussiéreuses.
La version de 2001 peine malheureusement à renouveler l’intrigue du mythe de Krai Thong. La faute à une absence totale de mise en scène ponctuée par des séquences horrifiques calamiteuses. Suthat Intaranupakorn use et abuse des mêmes procédés tout du long de son film afin de torturer à petit feu les spectateurs aventureux et avides d’improbabilités cinématographiques. Les passages romantiques sont d’un académisme des plus soaps et les séquences d’actions sont polluées par des plans parkinsoniens à outrance. Le procédé visant à faire bouger sa caméra dans tous les sens afin de camoufler une absence de moyens à l’écran atteint ici des sommets dans le ridicule. On pardonnera toujours un système D des plus bancals mais assumé. On ne pardonne pas la facilité et le manque d’imagination. Les SFX alternent le pire et le lamentable. Un peu de latex mal dégrossi accompagné d’un soupçon de CGI d’une autre époque. Heureusement une touche d’érotisme ultra soft permet de transporter Krai Thong dans la dimension du « What the fuck ?? » cinématographique en abusant du procédé bollywoodien du wet sari sur fond de musique d’ascenseur décalée. Les amateurs de concours de tee-shirts mouillés accompagnant traditionnellement les rassemblements de tuning comprendrons aisément l’ampleur de la chose …
Concernant le casting, on ne retiendra essentiellement que les présences remarquées de Winai Kraibutr popularisé à juste titre par les chefs d’œuvres que sont Nang Nak (1999) et Bangrajan (2000) ainsi que Champagne X (sic’) découverte dans Fun Bar Karaoke (1997) et 2499 Dang Bailey’s And Young Gangsters (1997). Difficile d’avoir un avis très tranché concernant leurs performances respectives étant donné le désastre de la post-synchro indigne d’un film même aussi mauvais que Krai Thong. L’ensemble oscille entre poticheries et surjeux désopilants.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ … | ⊗ La mise en scène ⊗ Aucune tension horrifique ⊗ Les moments romantique niais ⊗ Les CGI affreux |
Au bout du compte, Krai Thong n’assure pas un bath dans le registre du gros film de crocodile géant qui tache. La faute à un manque de moyens qui n’a pas été compensé par une débrouillardise pourtant inhérente à ce type de productions. Dans le genre crocodile affamé, The Brutal River (2005) d’Anat Yuangngern est un ton largement au-dessus à défaut d’être un bon film. |
Titre : Krai Thong
Année : 2001
Durée : 1h32
Origine : Thaïlande
Genre : Conte Fantastique
Réalisateur : Suthat Intaranupakorn
Scénario : Suthat Intaranupakorn
Acteurs : Winai Kraibutr, Chutima Every, Jet Padoongtum, Praryfar, Siriwidcha, Wannasa Thongviset, Champagne X