[Film] Kiba, Le Loup Enragé, de Hideo Gosha (1966)


Témoin d’un meurtre perpétré par trois hommes, Kiba décide de se rendre au relais le plus proche, celui d’Arai, afin de ramener la dépouille des deux victimes et de demander l’aide des officiers locaux. Mais il comprend que ces derniers n’en feront rien puisque les assassins sont des gardes du messager shogounal Nizaemon et les défunts, de simples convoyeurs. Ce relais d’Arai est un objet de convoitise ; de riches notables désirent ravir l’administration de ce lieu à la jeune aveugle Chise afin d’imposer leurs propres tarifs. Charmé par cette femme aussi belle que tenace, le « loup enragé » accepte d’escorter un chargement important d’or jusqu’au relais d’Imagawa. Mais Nizaemon n’a pas dit son dernier mot et décide d’engager un tueur dont la réputation n’est plus à faire, Sanaï Akizuki.


Avis de Kamï :
En 1966, année fertile puisqu’il réalisera quatre films, le prometteur Hideo Gosha se voit confier par la Toei, la réalisation d’un projet autour d’un personnage fort pouvant engendrer de nombreuses suites. Entre nous ; concurrencer la Daei, son rônin cynique, Nemuri Kyoshiro et son masseur aveugle, Zatoichi. Et Gosha opta pour Kiba, samouraï vagabond surnommé « le loup enragé ».

Ce premier volet d’une série prématurément interrompue est un chambara concis ne laissant étrangement que peu de place à son personnage principal, le vagabond se retrouvant au centre d’un dédale à l’intérieur duquel il ne peut guère muser. Juste le temps d’un soupir, il fait la connaissance de Chise, femme de caractère tentant de survivre avec le souvenir d’un défunt mari et les pressions d’un messager shogounal insatiable, et celle d’Okinu, prostituée attendant depuis cinq années, ses retrouvailles avec l’homme qui aurait détruit sa vie. Aux alentours du relais, des convoyeurs se mettant en danger pour conserver leurs emplois, des mercenaires désirant punir Sanaï et une tenancière de bordel rêvant de s’enfuir loin de tout ce désordre. Kiba, lui, ne semble que de passage, un justicier solitaire sans quête personnelle, version nippone de Lucky Luke. Mais aux lois fédérales du cow-boy, le vagabond oppose les lois du cœur. Ainsi, plus chien fidèle que loup enragé, il semble attendri par l’histoire de la paysanne et séduit par la détermination de la veuve.

Comme pour pallier au cruel manque de développement de son personnage principal, Hideo Gosha démontre toute sa maîtrise d’un cinéma « stylé », peu avares d’idées de mise en scène telle cette sublime discussion entre Kiba et Chisé, champ et contre-champ, le premier apparaissant derrière la lame de son sabre, se coupant quelque peu sa barbe, alors que le visage de la seconde est perçu dans cette même lame comme reflet de miroir.

LES PLUS LES MOINS
♥ Une mise en scène très soignée
♥ Visuellement magnifique
♥ Rythmé et court
⊗ Des personnages peu développés
⊗ Une narration moyenne
Au même titre qu’un Time & Tide ou qu’un Legend Of Zu d’un autre génie du cinéma graphique, Samuraï Wolf s’avère être à peine plus qu’une réussite visuelle, faute à une narration boiteuse donc et à un acteur principal, Isao Natsuyagi, tout sauf improbable mais ne pouvant prétendre rivaliser avec le charisme étoffé d’un Shintarô Katsu ou la présence captivante d’un Raizô Ichikawa.



Titre : Kiba, Le Loup Enragé / Samurai Wolf
Année : 1966
Durée : 1h09
Origine : Japon
Genre : I’m poor lonesome… samuraï
Réalisateur : Hideo Gosha
Scénario : Hiroshi Tasaka

Acteurs : Isao Natsuyagi, Junko Miyazono, Ryôhei Uchida, Tatsuo Endô, Junkichi Orimoto, Yoshirô Aoki, Takashi Tabata, Kyôichi Satô, Misako Tominaga

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Auteur : Kami

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