Défiant la corruption des hautes sphères japonaises, Itami Hanzo refuse d’en être le complice, parjurant le serment au grand damne de son officier-chef Magobei Onishi. Cette insoumission l’amènera devant le fait accompli ; Onishi est soudoyé et le tueur Kanbei protégé. Qu’importe la manière. Dès lors, Hanzo fera justice. Avec mais surtout sans justesse.
Avis de Kamï :
Sur le papier… au sens propre ; le célèbre mangaka Kazuo Koike en est l’auteur. Entre les lames d’un père (Lone Wolf and Cub) et les larmes d’un tueur (Crying Freeman), il a écrit le récit d’un policier nommé Itami Hanzo surnommé The Razor. Tout à la fois, brigand sadomasochiste, officier insoumis et misogyne, cet homme n’a qu’une règle : bafouer toutes les autres pour arriver à ses fins. Sur le papier… au sens figuré ; Hanzo The Razor est une curiosité aussi singulière que prometteuse. Sur le papier, seulement ? Oui et non puisqu’il reste comme un sentiment de retenu. A l’écran.
Réalisateur génial ayant mis en scène parmi les meilleurs épisodes de sagas marquantes (Zatôichi, Nemuri Kyoshiro, Baby Cart), Kenji Misumi croise à nouveau le chemin de Kazuo Koike pour ce premier volet d’un triptyque baroque, sous-genre en lui-même, inqualifiable pour dire vrai. Hanzo The Razor pourrait être considéré -bien avant Violent Cop de Kitano- comme la réponse japonaise à l’Inspecteur Harry. Une réponse outrancière puisqu’il ne s’agit là pas vraiment d’un chambara, presque un film policier, souvent hentai, parfois sombre, de temps en temps burlesque mais définitivement : Fonky ! Hanzo c’est un croisement entre John Shaft et Roberto Malone, l’attitude cool et la démesure phallique dans les rues d’Edo. Pour ce qu’il est, du cinéma BIS, Hanzo The Razor nous offre quelques scènes inhérentes au genre. On a loisir de voir le policier, forgeron à mi-temps, cogner avec un gourdin, son pénis posé dans une partie moulée d’une sorte d’établi afin de l’endurcir. Puis, en guise d’entraînement, enfourne son arme de sévices (ou est-ce de service) dans un sac rempli de grains de riz compressés. Les femmes, témoins ou complices mais toujours clientes succombent, avouent, se confient.
Le divertissement est là. Quelque peu. Malgré tout, malgré cela, on est frustré. Comme si Misumi n’avait pas exploité pleinement ses idées (et celles de Koike), cas contraire sur le second et jouissif volet de la saga Baby Cart. La structure du métrage en elle-même est déconcertante. La fin que l’on attendait pointe son nez avec une demi-heure d’avance. Pressée. Nous reste alors une seconde enquête ou du moins une petite histoire pour patienter avant le générique de clôture. Mais Katsu dégage un tel charisme qu’il rend complexe et fort le personnage qu’il interprète, un personnage insolite au même titre que Shinkai, le prêtre bouddhiste aux mœurs perverses joué par Tomisaburo Wakayama dans la saga Killer Priest.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Des combats sympathiques ♥ Plein de têtes connues ♥ Bien rythmé |
⊗ Très classique ⊗ Personnages assez creux |
De Cinéma BIS, oui. Un peu retenu, décousu mais assez divertissant BIS REPETITA. |
Titre : Hanzo The Razor : L’épée de la justice / Hanzo the Razor : Sword of Justice
Année : 1972
Durée : 1h30
Origine : Japon
Genre : Chambara d’exploitation
Réalisateur : Kenji Misumi
Scénario : Kazuo Koike, Takeshi Kanda
Acteurs : Shintarô Katsu, Yukiji Asaoka, Mari Atsumi, Kô Nishimura, Kamatari Fujiwara, Akira Yamanouchi, Kôji Kobayashi, Zenpei Saga, Daigo Kusano