Un couple et ses deux enfants viennent d’emménager dans la banlieue de Tokyo. Alors que le père aime répéter à ses fils qu’il souhaite les voir réussir, ceux-ci pensent surtout à batailler avec les jeunes du quartier.
Avis de Oli :
Ozu n’a pas trente ans quand il filme GOSSES DE TOKYO. A l’époque il utilise encore un pseudonyme : James Maki. Proposé dans le coffret Arte Vidéo regroupant les films en couleurs d’Ozu, GOSSES DE TOKYO (muet et en noir et blanc) n’est aucunement le premier film de son réalisateur. Le premier daterait en effet de 1927, et entre cette date-là et GOSSES DE TOKYO, Ozu Yasujirô va enchaîner les films et en tourner plusieurs chaque année. Jusqu’à ce GOSSES DE TOKYO donc, une œuvre assez mature et, dit-on, premier vrai très bon film d’Ozu : impossible de me prononcer là-dessus, je ne connais que très peu la période muette d’Ozu… il faut aussi préciser que beaucoup de films de cette période-là sont définitivement perdus.
JOzu Yasujirô a commencé tôt, puisque c’est à l’âge de 21 ans qu’il débuta en tant qu’assistant caméraman pour la Shochiku. Il devient bien vite assistant réalisateur puis réalisateur. Ozu a beaucoup tenté, dans les films de cette époque-là, il apprend quelque peu son métier et sa patte, très américanisée, va bientôt évoluer. Ozu mettra ainsi rapidement de côté ses premières œuvres, parfois imposées, où la violence était parfois très présente, où l’on tirait aussi des coups de feu comme dans une sombre série noire américaine. En cela GOSSES DE TOKYO est peut-être l’un des premiers longs métrages d’Ozu qui annonce véritablement ses films et thèmes à venir (des situations et nombreux tiques d’expression de GOSSES DE TOKYO rappellent d’ailleurs directement le film BONJOUR).
D’un point de vue technique, Ozu semble enfin prendre son temps : la caméra est souvent immobile, posée à même le sol. On observe néanmoins encore de nombreux travellings, des zooms parfois. Nous sommes donc encore assez loin de la totale immobilité (éternité serait un plus joli mot) de ses derniers films. Mais des signes avant-coureurs sont bien présents : on reconnaît déjà le style Ozu, jusque dans les thèmes abordés. Le film nous conte ainsi le quotidien d’une famille simple de la banlieue de Tokyo, dans les années 30. Ozu filme des banalités, les pérégrinations de deux enfants dans leur nouveau quartier, les quelques difficultés que rencontrera leur père pour les éduquer. GOSSES DE TOKYO est donc un film au ton très léger, et de nombreuses scènes humoristiques vont arracheront quelques sourires, c’est certain. Une œuvre très mignonne donc, mais qui ose aussi aborder, sur la fin, quelques sujets de société moins amusants : Ozu envisage ainsi la place difficile de ces employés devant constamment courber l’échine face à la hiérarchie, il s’attarde également sur la vision qu’ont les enfants de ce monde qui les entoure… de cet hypocrite monde d’adultes.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le style Ozu déjà là ♥ Le ton léger ♥ L’humour |
⊗ Rythme lent |
Pièce indispensable pour tout fan de la filmographie d’Ozu, GOSSES DE TOKYO se suit avec un plaisir certain. Celles ou ceux qui ne connaissent pas ou peu le réalisateur, trouveront quant à eux le temps sans doute un peu long. |
Titre : Gosses de Tokyo / I Was Born But… / 大人の見る絵本 生れてはみたけれど
Année : 1932
Durée : 1h31
Origine : Hong Kong
Genre : Comédie de Moeurs
Réalisateur : Yasujirô Ozu
Scénario : Akira Fushimi, Yasujirô Ozu
Acteurs : Tatsuo Saitô, Tomio Aoki, Mitsuko Yoshikawa, Hideo Sugawara, Takeshi Sakamoto, Truyo Hayami, Seiichi Kato, Shochi Kofujita, Seiji Nishimura