[Film] Drunken Tai Chi, de Yuen Woo-Ping (1984)


Deux frères passent leur temps à chercher querelle et à se battre dans leur quartier, jusqu’au jour où ils blessent accidentellement le fils d’un homme sans scrupules, qui n’hésite pas à engager un assassin pour venger son honneur et son fils. Le tueur se débarrasse du père et d’un des deux frères, le survivant trouvant alors refuge auprès d’un maître marionnettiste et de sa femme. Ceux-ci vont alors lui apprendre le Tai-Chi pour pouvoir résister au tueur fou qui a fini par retrouver sa trace…


Avis de Postscriptom :
Un film très intéressant, car réalisé en 1984, période « transitoire » du cinéma de Hong Kong, où les réalisateurs-chorégraphes d’arts martiaux se trouvent bousculés par la nouvelle vague, quand ils ne sont pas obligés de se recycler à la télévision (c’est également l’année où la Shaw Brothers ferme ses portes) ou mis purement et simplement au chômage technique… Mais on le sait maintenant, contrairement à Liu Chia-Liang qui n’a jamais vraiment tenté de suivre le courant (ou alors de très mauvaise grâce), Yuen Woo-Ping est un opportuniste, ce qui n’est pas forcément péjoratif, toujours prêt à s’adapter aux demandes d’un marché qu’il sait mouvant et constamment avide de nouveautés : ici il débauche donc une nouvelle tête sympathique (Donnie Yen, de retour de Chine après ses études, qui a fait ce détour par Hong Kong qui a changé sa vie), et tente de renouveler le genre usé de la kung-fu comédie en dynamisant le rythme (ici très peu de temps morts, ça va très très vite, même pendant les scènes de dialogue) et le filmage, avec notamment quelques tentatives audacieuses de « surdécoupage » pendant les combats, qui frappent quand on connaît la volonté du clan Yuen de tout réaliser sans trucage…

Mais surtout, signe de crise et que Yuen Woo-Ping n’est pas aussi à l’aise que d’habitude, on note quelques emprunts à la mode occidentale, voire américaine de l’époque, un brin maladroit c’est le moins qu’on puisse dire : Donnie fait du VTT, de la planche à roulettes et du « smurf » (!), dans un film d’époque ça la fout mal quand même… Bref, vous l’aurez compris, c’est quand Yuen Woo-Ping revient à ce qu’il sait faire que le film est le plus intéressant, à savoir chorégraphier et filmer « à l’ancienne » des scènes d’arts martiaux délirantes, DRUKEN TAI-CHI retrouvant alors son rythme et sa raison d’être, celle d’une bonne kung-fu comédie, pas vraiment originale mais très agréable à suivre… Ce n’est que cinq ans plus tard, avec la série des TIGER CAGE / RANCON DES TRAITRES, qu’il trouvera enfin la formule capable d’associer de façon à peu près homogène arts martiaux et modernité. Mais que cela ne vous empêche pas de voir ce film un peu oublié mais qui mérite vraiment le détour quand on aime le vrai cinéma d’arts martiaux, certaines scènes annonçant même d’autres grandes œuvres à venir (l’entraînement au Tai-Chi avec un ballon, où ai-je déjà vu ça ? …).

Quant à Donnie Yen, pour son premier rôle au cinéma il est vraiment excellent, beau gosse, bon acteur et artiste martial à la technique irréprochable. Ses combats sont ce qu’il a fait de plus classique, dans le bon sens du terme, et le film vaut le coup rien que pour le voir se battre sans trucage, ce dont on a pu être un peu frustré dans ses films « new-wave » ultérieurs (OUATIC 2, IRON MONKEY…), excellents mais bien trop dépendants du montage évidemment… Dans le rôle du vieux maître, on retrouve Yuen Cheung-Yan, futur chorégraphe de DROLES DE DAMES, et surtout le très méchant et très laid Yuen Cheung-Yee (futur chorégraphe de MATRIX, si, on le voit dans le making-of du DVD), dans un rôle identique à celui du tueur fou qu’il incarnait dans TIGRE BLANC. A noter qu’on trouve dans cette collection d’autres Yuen Woo-Ping, comme RED WOLF par exemple (qualité très moyenne du DVD malgré que le film soit récent, mais c’est largement moins cher que le HKLEGEND) et également le mythique (car très difficile à trouver jusqu’ici) DANCE OF THE DRUNK MANTIS, à savoir la vraie suite, tournée l’année d’après, de DRUNKEN MASTER (hé oui, celui de Liu Chia-Liang et Jackie c’est un faux !) … Le film bonus : DYNAMO avec Bruce Li, Ku Feng. Une bonne surprise quand on voit les navets proposés dans cette collection en deuxième film, car DYNAMO est un des meilleurs (pardon, un des moins mauvais…) Bruce Lee-fake, le plus célèbre en tout cas.

LES PLUS LES MOINS
♥ Quasi aucun temps mort
♥ Des combats délirants
♥ Un jeune Donnie Yen déjà très bon
⊗ Pas très original
DRUNKEN TAI-CHI est sorti en Grande-Bretagne au début de l’ère du DVD avec des bonus intéressants et a eu droit à une deuxième édition. Alors si le cinéma de Yuen Woo-Ping vous parle, vous pouvez foncer.



Titre : Drunken Tai Chi / Drunken Tai Chi Master / 笑太極
Année : 1984
Durée : 1h31
Origine : Hong Kong
Genre : Kung Fu Pian / Comédie
Réalisateur : Yuen Woo-Ping
Scénario : Yuen Woo-Ping, Brandy Yuen

Acteurs : Donnie Yen, Yuen Cheung-Yan, Lydia Shum, Yuen Yat-Choh, Don Wang Tao, Lee Kwan, Yuen Shun-Yi, Mandy Chan, Huang Gen-Wei, Li Hai-Hsing

 Siu Tai Gik (1984) on IMDb


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Auteur : Postscriptom

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