Titre : Syndromes and a Century a.k.a. Intimacy and Turbulence / Sang sattawat
Année : 2006
Durée : 1h45
Origine : Thaïlande
Genre : Drame
Réalisateur : Apichatpong Weerasethakul
Acteurs : Akara Amarttayakul, Thawatchai Penpakdee, Sonthaya Chitmanee, Sarita Kongpech, Sangthong Ket-U-Tong
Synopsis : Scénettes entre milieux hospitalier, campagne et ville.
Avis de Laurent : La filmographie du jeune cinéaste Apichatpong Weerasethakul est composée d’œuvres plus étranges et sophistiquées les unes que les autres. Cependant, cette complexité est compensée par la simplicité des scénettes et des sentiments qui transpirent de ses films. Syndromes and a Century ne déroge pas à la règle, et les amoureux du cinéaste navigueront en territoire connu puisque le dernier film du réalisateur indépendant reprend les mêmes thématiques, les mêmes environnements et la même (dé)-construction narrative que ses œuvres précédentes. Tout comme Blissfully Yours ou Tropical Malady, on retrouve une partition en deux parties distinctes (la campagne et la ville) sur lesquelles le cinéaste calque les mêmes personnages dont le comportement et les sentiments différeront subtilement selon l’environnement immédiat (notamment les relations amoureuses plus ou moins directes). Bien que l’on puisse se sentir perdu à chaud dans cet entremêlement de situations, Syndromes and a Century prend toute sa dimension avec le recul, et les situations obscures deviennent au fur et à mesure d’une simplicité déconcertante. En prenant le temps d’apprécier les films d’Apichatpong Weerasethakul, on découvre un univers moins hermétique qu’il n’y parait.
La réalisation d’Apichatpong Weerasethakul est toujours aussi épurée et à la limite du documentaire. Elle est admirablement composée par de longs plans séquences de toute beauté et ponctuée par un cadre qui prend le temps de se poser avant de passer à la scène suivante. Sa direction d’acteurs est une fois de plus touchante de réalisme. Ce dernier n’est rendu possible que par la non-professionnalisation de ses acteurs. A noter le travail monstrueux réalisé sur la bande son qui permet une fois là encore au cinéaste de placer son film à la frontière du fantastique, avec un environnement étrange comme cet hôpital qui semble mystérieusement prendre vie. Cette sensation était déjà palpable dans Mysterious Object At Noon et Tropical Malady. Apichatpong Weerasethakul place ainsi son nouveau film dans la continuité de son œuvre. Un régal pour les yeux et pour les sens.
Note : 7/10