Deauville Asia 2012
Chaque année, je râle. Chaque année j’y retourne. Maso ?
Je vais la faire courte. Deauville Asia n’est pas le festival le plus chaleureux de France. C’est même le contraire : accueil glacial, flicage des pass dès l’entrée dans le CID (votre pass monsieur ? je ne l’ai pas faut que j’en achète un ! c’est à l’intérieur monsieur ! ah merci ! il vous faut quand même un pass pour rentrer monsieur !….), absence totale d’ambiance festivalière…. Deauville Asia, en fait, c’est l’usine version luxe, car le CID c’est quand même un endroit qui en jette quoiqu’on en dise ! D’ailleurs en parlant d’usine, l’organisation a fait un grand bond en avant en proposant un planning serré dans lequel les séances s’enchainaient rapidement du matin au soir, tout en autant pour palier à la disparition de l’habituelle troisième salle de projo (le fameux Morny, son poteau et ses radiateurs ninja) que pour assurer un maximum de projections dans la grande salle du CID. Les festivaliers de la première heure, dont je fais partie, ont donc été ravis de retrouver des films d’action sur le grand écran du CID, alors que les années précédentes la section Action Asia était largement cantonnée à la salle du Casino. Fini, donc les malheureux laissés sur le trottoir pour cause de séance pleine. Si je devais d’ailleurs retenir qu’une chose de cette édition 2012 c’est bien la présence d’Action Asia au CID ; ce qui n’était pas du luxe vu la qualité de quelques films de la sélection.
Allez je ne suis pas chien. Malgré la diffusion de quelques films bien chiants, la présence étonnante de films Iraniens (je suis contre, mais là n’est pas le débat), les spectateurs vieux et non cinéphiles, un nombre d’invités revu à la baisse, le coté hautement foire commerciale, ce cru 2012 s’est laissé suivre sans déplaisir. Et je ne pourrais de toutes façons pas raler contre un festival qui a projeté un peu plus d’1h30 d’orgasme cinématographique.
On passe maintenant au plus important : les avis express (attention, je n’ai quasi rien vu de la programmation) :
Saya Zamourai : Matsumoto revient après le très déséquilibré Symbol et livre une mise en abyme de son métier de clown télévisuel à travers une fable sur la création et le rire. C’est souvent drôle, quelque fois burlesque, toujours décalé. Le film souffre un peu de répétition, mais Matsumoto gère son rythme avec brio et livre une œuvre peut être moins atypique que ces deux précédents longs métrages, mais très plaisante, voire même touchante.
Mourning : je n’aime pas dire du mal des prods indépendantes et fauchées. Mais là….. disons que Mourning aurait pu proposer des choses intéressantes mais ne va jamais au-delà de sa note d’intention avec une histoire dont on se fout clairement, des personnages qui n’évoluent pas malgré le parti pris road movie (un comble), une émotion absente. On sent bien l’effort d’écriture, mais malgré cela le film étant un long tunnel de dialogues de A à Z. On pourrait saluer le courage de certains choix techniques pour pallier au manque de budget (sous titres, sons atténués) et des acteurs convaincants, mais Mourning en sus d’une histoire pas réellement passionnante et bateau, ne propose rien de cinématographique. Avec un plan pare-brise constant, la virée automobile ressemble à un film de table, sans la table mais avec un volant. L’anti cinéma à son meilleur niveau, même si ça se suit sans déplaisir. On se demande cependant sur quels critères Mourning a pu recevoir le grand prix du festival.
The sword identity : Au second degré, on pourrait éventuellement saluer l’idée du réalisateur de désacraliser les arts martiaux, jouer avec les gimmicks, les certitudes. Mais dans l’état si c’était là la note d’intention du film, c’est foiré. Car The Sword Identity est plutôt le genre de film qui te fais immédiatement réévaluer de sombres bouses récentes telles que True Legend, Legend of the Evil Lake, Reign of assassins et autres machins. D’une mollesse incroyable, sans enjeux, servi par un discours pompeux et un relent de racisme anti japonais, The Sword identity est un anti film d’arts martiaux. Un truc long comme un jour sans pain, mal joué, mal monté, sans saveur. On ne pige finalement rien, et on s’en fout.
Master Class Kiyoshi Kurosawa : ce n’est pas un film, mais c’est quand même du cinéma. Et d’un autre niveau que pas mal de films présentés à Deauville Asia. Présent pour un mini rétro (dont les masters étaient purement dégueulasses, dixit pas mal de gens), KK a mené une Master Class modérée par JP Tessier. Causant choix techniques, montage et écriture, KK a livré de belles pistes sur son travail, même si tout a été orienté sur sa période « films de fantômes ». Dommage, aussi, que la master class ait commencée sacrément à la bourre, ce qui a obligé le modérateur à couper ¼ du programme. Tout autant passionnante que laissant sur sa faim, la Master Class a été un joli moment.
The war of the arrows : je n’aurai jamais cru dire ça d’un film d’action en costume made in Korea, mais The war of arrows c’est franchement sympa à suivre. On passera sur l’histoire toute nulle, pour recentrer le débat sur l’important : vous vouliez de l’action, et bien le film vous en offre sur quasi tout sa durée. Bien sûr on n’échappe pas à un style visuel tape à l’œil, mais le film est bien torché et propose son lot de morceaux de bravoures, dont une énorme chasse à l’homme qui fait plus que penser à Apocalypto de Mel Gibson (on a même un tigre au lieu d’une panthère). Ne mentant pas sur la marchandise, The war of the arrows, est tout aussi classique que divertissant, et c’est tout ce que l’on demandait. Et puis les combats à l’arc c’est archi visuel et classe !
The Raid : ultra attendu vu le retours enthousiastes depuis quelques mois, The Raid fait ce qu’on attend de lui : de l’action bourrine de folie sur un rythme survolté. Le meilleur film du festival, de très loin, et surement le meilleur film d’action depuis Time & Tide. Un pur moment de jouissance cinématographique. J’y reviens dans un billet à part.
Himizu : Sono Sion revient à son discours sur la viralité de la violence, et sur la place destructrice de la figure paternelle. Etouffant, le film est d’une violence extrême sans jamais tomber dans le gore et le guignolesque de ses précédents films. Pas sûr que la fin soit si optimiste que cela, mais Himizu est un joli retour gagnant pour un réalisateur maintenant majeur. Ultra plaisant et servi par des jeunes acteurs magnifiques.
Palmarès hkmania :
- Prix McGyver du pauvre : le gamin de Mourning qui met une goutte de coca dans le moteur de la voiture en espérant le gripper
- Prix Tolkien de la meilleure reconversion : Gandalf dans The Sword identity
- Prix de l’objet qu’on pose dans un coin : toujours Gandalf de The Sword Identity pour son séjour dans une brouette
- Prix Brigitte Bardot : The war of the arrows pour les animaux massacrés à coup de flèches
- Prix Vincent McDoom : les tata de The Sword Identity
Salutations distinguées aux confrères de projo : Epikt, Pierre Ricadat, Morgan, Florian
Coucou aux confrères de chez Sancho avec qui c’est toujours sympa de causer.
Signe de tête poli à la team EastAsia, avec qui le courant ne passe pas franchement. Mais ça m’a quand même fait plaisir les gars !